RDC : le M23 boycotte les négociations après les sanctions prises par l’UE

Ils devaient rester quatre jours à Luanda, la capitale angolaise, dont le président João Lourenço est le médiateur désigné par l’Union africaine dans le conflit qui ensanglante l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Mais les cinq chaises prévues pour les négociateurs du Mouvement du 23 mars (M23), groupe armé antigouvernemental congolais soutenu par l’armée rwandaise, sont restées vides ce mardi 18 mars.

Les pourparlers prévus pour « entamer des négociations directes de paix », selon João Lourenço, restent au point mort. Lundi soir, le M23 a annoncé qu’il ne se rendrait pas à Luanda, malgré l’ordre de mission signé par Corneille Nangaa, le dirigeant de l’Alliance fleuve Congo (AFC), la coalition politico-militaire dont fait partie le M23.

Le problème des sanctions européennes

En cause : l’adoption par l’Union européenne, le 17 mars, de premières sanctions contre neuf chefs de l’AFC/M23 et de l’armée rwandaise. Quatre sont congolais, et appartiennent tous au M23. À commencer par son chef politique, Bertrand Bisimwa, ainsi que trois autres cadres. Les cinq autres personnes visées sont rwandaises, dont le chef du recrutement du M23, et trois généraux de l’armée, parmi lesquels Ruki Karusisi, le commandant des forces déployées en RDC en soutien du M23.

Détail important : une entreprise a également été placée sur cette liste de sanctions : la Gasabo Gold Refinery, une société rwandaise impliquée dans l’extraction illégale d’or au Congo. Ces sanctions sont à l’origine de la rupture diplomatique entre le Rwanda et la Belgique, l’ancienne puissance coloniale, accusée d’avoir « pris parti » pour Kinshasa.

De son côté, la RDC a maintenu sa participation à ce sommet mort-né. Jusqu’ici, le président Félix Tshisekedi avait refusé toute négociation directe avec le M23, qualifié de groupe « terroriste ». Pour la première fois, Kinshasa avait consenti à s’asseoir autour de la même table que le groupe armé, pour une raison simple : en trois mois, l’armée congolaise a essuyé revers sur revers, avec la prise par le M23 et ses alliés de l’armée rwandaise des deux grandes villes de Goma et Bukavu.

Depuis Kigali, Paul Kagame dénonce ces sanctions

Le prix Nobel de la paix, le Congolais Denis Mukwege, s’est exprimé ce lundi à propos de ces pourparlers de paix. Pour lui, des négociations directes constituent une « erreur de diagnostic majeure ». Seule une « conférence internationale pour la paix en RDC » peut permettre d’avancer vers une solution politique, adossée au fameux accord d’Addis-Abeba de 2013, qui avait permis de régler – temporairement – le conflit, dans lequel le M23 était déjà partie prenante. Avant que son non-respect ne conduise au final à la reprise des hostilités.

Depuis Kigali, Paul Kagame a tenu un meeting très attendu ce dimanche 16 mars, le premier depuis sa réélection en juillet 2024. Son propos a été quasi intégralement consacré au conflit dans l’est de la RDC. Le président rwandais a dénoncé les sanctions prises par plusieurs pays, notamment l’Allemagne, le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni, pourtant un proche allié.

Des sanctions largement insuffisantes, en l’absence de la prise en compte des intérêts miniers et stratégiques de l’ensemble de la région.

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