Accord UE-Mercosur : "la France s'opposerait de manière très ferme" à un éventuel "passage en force" de Bruxelles, prévient Emmanuel Macron

Le président de la République veut temporiser face à la grogne des agriculteurs. Emmanuel Macron a prévenu, mercredi 17 décembre en Conseil des ministres, que "la France s'opposerait de manière très ferme" s'il y avait "une volonté de passage en force de la part des instances européennes" sur l'accord commercial avec les pays du Mercosur, a rapporté la porte-parole du gouvernement. Le chef de l'Etat juge toujours qu'il n'y a "pas de visibilité suffisante sur les trois conditions demandées" par la France, "les mesures miroir, la clause de sauvegarde et les contrôles", a ajouté Maud Bregeon devant la presse.

Il n'est pas le seul à émettre des réserves : la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a estimé mercredi qu'il était "encore prématuré" de signer "dans les prochains jours" le traité de libre-échange négocié par l'UE avec les pays sud-américains. La position de l'Italie sur ce dossier, jugée décisive, était particulièrement attendue alors que la France a fait monter la pression sur Bruxelles pour obtenir un report de l'adoption de cet accord commercial en 2026.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, espère toujours ratifier ce traité lors d'un sommet du Mercosur samedi dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu. Mais elle a besoin au préalable de l'aval d'une majorité qualifiée d'Etats membres à Bruxelles, lors d'une réunion jeudi. L'Allemagne et l'Espagne, notamment, ont appelé à signer le traité dans la semaine.

La France "ne considère pas comme acquis" un report de la signature du traité, a précisé Maud Bregeon. Mais la position exprimée par l'Italie "est bien la preuve" que "la France n'est pas seule et que d'éminents pays européens sont alignés aujourd'hui avec la position que porte" Emmanuel Macron, a-t-elle déclaré.

Cet accord créerait la plus grande zone de libre-échange au monde et permettrait à l'UE d'exporter davantage de véhicules, de machines, de vins et de spiritueux vers l'Amérique latine, tout en facilitant l'entrée en Europe de la viande bovine, du sucre, du riz, du miel et du soja sud-américains.