Tennis : Novak Djokovic et Iga Swiatek, des champions dans le dur qui comptent sur la terre pour retrouver les sommets

La terre battue pour les sortir du dur ? Pour Iga Swiatek, qui fait son entrée en lice dans le WTA 1000 de Madrid jeudi 24 avril, et Novak Djokovic, qui débutera vendredi son tournoi, la disette commence à durer. Le Serbe n’a plus gagné un titre depuis les JO de Paris et connaît des derniers mois compliqués, avec des éliminations dès le premier tour de plusieurs tournois. Mais contrairement à Iga Swiatek, qui attend un titre depuis Roland-Garros, il a atteint trois finales depuis l’été dernier. La terre battue pourrait leur donner l’occasion de retrouver de la confiance. 

Laisser derrière lui un match qu’il a qualifié d’"horrible", pour repartir de l’avant à Madrid. Éliminé dès son entrée en lice à Monte-Carlo par Alejandro Tabilo (32e mondial), en laissant apparaître une certaine lassitude, Novak Djokovic n’est pas au mieux depuis plusieurs mois. Ses bonnes performances à Miami, où il n’a pas perdu un set jusqu’en demi-finale avant de céder en finale contre Jakub Mensik, sont les seules éclaircies en 2025 pour le Serbe.

Sa défaite contre Matteo Berrettini au premier tour à Doha en février ? "Pas d’excuse" physique pour l’ancien numéro 1 mondial, alors remis d’une déchirure musculaire à la cuisse à l'origine de son abandon en demi-finales de l’Open d’Australie. Sa défaite d'entrée à Indian Wells face à Botic van de Zandschulp ? "Pas d’excuse" non plus, pour Novak Djokovic, loin de son niveau habituel, toujours en quête de son 100e titre en carrière, après lequel le désormais numéro 5 mondial court.

"Pour lui, les Jeux olympiques étaient vraiment une priorité. Je pense qu’il a focalisé toute son attention là-dessus et d’ailleurs, sa finale face à Alcaraz est pour moi un chef d'œuvre de sa carrière, analyse Guy Forget, consultant France Télévisions. Malheureusement, un peu comme Rafael Nadal, Novak est rattrapé par son âge et ses blessures. Sa tête le pousse à continuer, mais son corps dit parfois ‘stop, laisse-moi souffler un peu’. Donc il s’arrête parfois, reprend l’entraînement, et quand il reprend les matchs, il manque peut-être un peu de confiance et de repères. Il est contraint maintenant de parfois subir des défaites un peu inhabituelles pour lui. Mais je suis convaincu que son objectif va être d’être bon à Roland". A 38 ans, il rêve d'une 25e couronne record en Grand Chelem.

Iga Swiatek "déborde de confiance, mais plus face aux meilleures du monde"

Pour Iga Swiatek, l’argument physique ne tient pas. "Elle est dans la force de l’âge, elle n’a aucune raison d’avoir des baisses de régime physiques", souligne l’ancien directeur du tournoi de Roland-Garros. Au contraire du Serbe, la Polonaise n’est jamais éliminée au premier tour. Elle atteint même toujours au moins les quarts de finale depuis les JO (sauf au Masters féminin, où elle a été éliminée lors de la phase de groupes avant les demies). Mais elle coince et n’atteint plus les finales. 

"Quand elle était la meilleure, quand elle était numéro un, elle progressait de plus en plus en quarts, demies et finale, comme le font les championnes. Elle n’a plus ça maintenant, analyse l’ancienne joueuse Andrea Petkovic dans son podcast avec Boris Becker [en allemand]. Soudain, la pression monte, comme si jusque-là elle n’avait aucun doute sur sa capacité à perdre, mais en demi-finales, la panique s’installe. C’est un sentiment étrange qu’elle déborde de confiance, mais plus face aux meilleures du monde"

Les derniers mois n'ont pas été de tout repos pour la Polonaise. Son contrôle positif à la trimetazidine en août, qu’elle a appris en septembre et qui lui a valu une suspension d’un mois, l’a profondément marquée. En octobre, elle a mis fin à sa collaboration avec son entraîneur Tomasz Wiktorowski, qui la coachait depuis trois ans. En avril, elle a également renoncé à représenter la Pologne lors de la Billie Jean King Cup. "Je dois prendre du temps pour l’équilibre, me reconcentrer sur moi-même et m’entraîner", avait-elle justifié. 

"Ses adversaires ont vraiment étudié son jeu et n’ont rien à perdre, ajoute Guy Forget. Elle a finalement quelques petites lacunes dans des secteurs de jeu, donc elles ont développé des armes pour la mettre en difficulté". Vainqueure à Madrid l’année dernière, Iga Swiatek revient en terrain conquis et a 1000 points à défendre au classement mondial, sous peine de voir Jessica Pegula se rapprocher de sa deuxième place. Sa première adversaire ? La Philippine Alexandra Eala, qui l'avait battue à la surprise générale à Miami en mars alors qu'elle était 140e mondiale. Pas idéal pour entrer sur le court pleine de confiance.