Le siège de l’agence des Nations unies (ONU) pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) à Jérusalem-est a été la cible d’un raid. La police israélienne, accompagnée de responsables municipaux, est « entrée de force » dans le complexe de Sheikh Jarrah, lundi 8 décembre.
Prétextant un « recouvrement de dette », des agents ont effectué des perquisitions, emportant meubles et équipements informatiques grâce à des camions et des chariots élévateurs. Ils ont aussi confisqué les téléphones des agents de sécurité, seules personnes présentes dans les locaux depuis le 30 janvier dernier, après l’interdiction des activités de l’Unrwa par Israël. L’opération redouble enfin de symbolique coloniale avec le retrait du drapeau de l’ONU, « remplacé par un drapeau israélien ».
Une mesure « politique »
L’action aurait été « menée par la municipalité de Jérusalem dans le cadre d’une procédure de recouvrement de dette », en réaction au non-paiement de la taxe municipale, a affirmé la police israélienne, interrogée par l’Agence France-Presse (AFP). « Nous n’avons aucune dette envers la municipalité », a démonté Jonathan Fowler, un porte-parole de l’Unrwa.
L’agence onusienne « n’est pas tenue de payer ce type de taxes selon le droit international et la législation qu’Israël a adoptée pour appliquer la Convention générale sur les privilèges et immunités de l’ONU », appuie Roland Friedrich, directeur de l’Unrwa en Cisjordanie – juridiction dont dépend Jérusalem-est -, fustigeant une mesure « politique ». Selon une convention de 1946, l’ONU et ses biens ne peuvent être soumis à l’impôt des pays hôtes.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a condamné, dans une déclaration publiée sur ses réseaux sociaux, cette « entrée non autorisée » des forces d’occupation israéliennes. « Ce complexe est inviolable et à l’abri de toute autre forme d’ingérence, a-t-il fustigé. J’exhorte Israël à prendre immédiatement toutes les mesures nécessaires pour rétablir, préserver et maintenir l’inviolabilité des locaux de l’Unrwa et à s’abstenir de toute nouvelle action à l’égard de ces locaux. »
Le ministère jordanien des Affaires étrangères a également dénoncé une « violation flagrante du droit international et d’atteinte aux immunités et privilèges » des Nations unies, et rappelé le « rôle vital et irremplaçable » de l’Unrwa « pour la fourniture de services aux réfugiés palestiniens ». Créée en 1949, afin de soutenir plus de 700 000 Palestiniens expulsés de leurs terres lors de la Nakba, l’Unrwa gère des centres de santé et des écoles destinés dans les Territoires palestiniens, au Liban, en Syrie et en Jordanie.
Visée depuis de nombreuses décennies par les autorités israéliennes, l’Unrwa a été la cible d’une vague d’attaques sans précédent fin 2023. Les autorités israéliennes ont alors accusé des employés de l’agence – qualifiée d’« organisation terroriste » – d’avoir participé à l’attaque du 7 octobre 2023.
Des allégations mises à mal par l’ancienne cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna, mandatée par les Nations unies pour mener une enquête. L’ONU avait par la suite annoncé que leur commission d’enquête n’avait pas pu authentifier les renseignements utilisés par Israël pour fonder ses allégations.
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