Aux Etats-Unis, un juge ordonne à l'administration Trump de maintenir le principal programme d'aide alimentaire, menacé par le "shutdown"

Les Américains les plus précaires ont bien failli subir plein fouet les effets du "shutdown". Alors que le pays fait face depuis un mois à une situation de paralysie budgétaire, un juge fédéral a ordonné, vendredi 31 octobre, le maintien du principal programme public d'aide alimentaire, connu outre-Atlantique sous l'acronyme "Snap". Le ministère de l'Agriculture a été sommé d'utiliser des fonds d'urgence pour maintenir ce dispositif, qui permet à plus de 42 millions d'Américains de bénéficier d'une aide pour l'achat de nourriture. 

Faute d'un accord au Congrès sur le budget entre les démocrates et les républicains, le gouvernement de Donald Trump avait annoncé que le programme serait gelé à partir de samedi, à court de fonds. "Vous allez avoir de vrais gens, de vraies familles, des enfants qui souffriront de la faim dès ce week-end", avait lancé le ténor républicain Mike Johnson, accusant l'opposition démocrate de "continuer leurs jeux politiciens à Washington".

Le "shutdown" a déjà entraîné la mise au chômage technique de centaines de milliers de fonctionnaires, des perturbations dans le trafic aérien ou encore la fermeture de parcs nationaux.

Républicains et démocrates se rejettent la responsabilité du blocage 

Le blocage au Congrès repose sur un désaccord profond entre le parti au pouvoir et l'opposition concernant le vote du budget : les républicains proposent une prolongation du budget actuel, avec les mêmes niveaux de dépenses, tandis que les démocrates réclament une prolongation de subventions pour des programmes d'assurance santé à destination de ménages à bas revenus. Sans prolongation, les coûts d'assurance santé devraient plus que doubler pour 24 millions d'Américains qui utilisent le programme public "Obamacare", selon KFF, un cercle de réflexion spécialisé sur les questions de santé.

Concrètement, une personne payant le coût moyen de 888 dollars en 2025 devrait ainsi s'acquitter de 1 906 dollars en 2026, estime le think tank. 

Vendredi, le président américain a réitéré sa promesse de négocier avec les démocrates sur leurs revendications, mais seulement après la levée du "shutdown". "On va se voir très rapidement, mais ils doivent rouvrir le pays", a assuré le républicain à son arrivée en Floride où il passera le week-end dans sa luxueuse résidence Mar-a-Lago. "C'est de leur faute, tout est de leur faute", a ajouté Donald Trump. Un avis que ne partage pas la majorité des Américains, selon un sondage pour ABC et le Washington Post publiée jeudi. Cette enquête a en effet montré que 45% des interrogés attribuent la responsabilité du blocage en premier à Donald Trump et aux républicains au Congrès, contre 33% aux élus démocrates.