Suite à l’annonce par Gérald Darmanin de la création de quatre nouveaux quartiers de haute sécurité d’ici 2027, le syndicat de la magistrature épingle le ministre de la Justice, dans un communiqué du mardi 14 octobre intitulé « Au grand homme, la patrie indifférente ». Une référence à la panthéonisation, la semaine dernière, de Robert Badinter « qui avait fermé les quartiers de haute sécurité en 1982, dénonçant ”l’indignité d’un État de droit qui se nie lui-même”», rappelle l’organisation.
Elle estime que leur retour traduit une « vision ultra-sécuritaire de la prison où les personnes qualifiées de dangereuses sont privées de leurs droits les plus élémentaires et sont soumises à un isolement quasi total ». Les auteurs du texte condamnent ainsi « l’extension d’un régime qui impose des conditions de détention indignes et inhumaines à des personnes qualifiées par l’administration de « dangereuses » sans critère ni fondement transparent ».
Autrement appelés « prisons de haute sécurité », ces établissements seront inaugurés dans les prochains mois à Valence (Drôme), Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône), Réau (Seine-et-Marne) et Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane). Concrètement, il s’agit de la transformation de prisons déjà existantes en véritables forteresses.
Une prison de « haute sécurité » est déjà entrée en service
Agitée dans les médias depuis plusieurs mois par Gérald Darmanin, cette idée d’une prison de « haute sécurité » a déjà été mise en application. Un premier établissement de ce type, situé à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), est entré en service en juillet 2025. À partir de début novembre 2025, une deuxième va accueillir quarante détenus narcotrafiquants à Condé-sur-Sarthe (Orne).
« Ces établissements ont déjà suscité une vive opposition du Syndicat de la magistrature ainsi que d’autres acteurs du champ pénitentiaire », rappelle l’organisation.
Ces nouvelles dispositions s’inscrivent dans un contexte déjà déplorable de conditions de vie des détenus en France. Dans un avis datant du 12 mai mais publié ce mercredi 15 octobre au Journal officiel, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) Dominique Simonnot, dénonce la « vétusté préoccupante » des établissements pénitentiaires et observe qu’« à ce jour encore, de nombreuses maisons d’arrêt sont installées dans des bâtiments du XIXe siècle ».
Et les détenus font également face à des prisons surpeuplées. Selon les chiffres du ministère de la Justice, la densité carcérale était de près de 135 % au 1er septembre. Dans le rapport annuel 2024 sur les statistiques pénales du Conseil de l’Europe, l’organisation constate, en juillet 2025, que la France est le troisième plus mauvais élève européen en matière de surpopulation carcérale.
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