Retraites : "Ce qu'on nous a présenté comme une solution miracle ne marche pas", assure le député LFI Éric Coquerel
"Ce qu'on nous a présenté comme une solution miracle ne marche pas", tacle samedi 7 juin sur franceinfo Éric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis et président de la commission des finances à l'Assemblée nationale, en réaction à la publication vendredi du rapport annuel du COR (Conseil d'orientation des retraites). Selon ce dernier, si rien ne change, un déficit du système de retraites sera de -0,2 point de PIB en 2030 (soit 6,6 milliards d’euros courants), pour atteindre -1,4 point de PIB en 2070. L'estimation du COR est divisée par deux pour 2030 par rapport au précédent rapport, mais revue à la hausse pour 2070. "Le recul de l'âge de départ à la retraite prévue dans la réforme Borne, selon le COR, ne solutionne rien puisque lui-même indique que le déficit va continuer à augmenter", souligne Éric Coquerel.
Selon lui, ce rapport est aussi "l'illustration de la reprise en main du COR", car "c'est la première fois", dit-il, "qu'on a un rapport qui ne retient qu'une seule hypothèse, celle de Gilbert Cette", président du COR, accusé notamment par Denis Gravouil, de la CGT, d'être "l'ami d'Emmanuel Macron". "Les autres hypothèses ne sont pas présentées", dénonce Éric Coquerel. Pourtant, selon lui, le COR admet dans ce rapport que "la question n'est pas que les retraites vont coûter plus cher au pays, par rapport à la richesse produite, mais qu'il y a bien un problème de recette."
"Il faut aller chercher des cotisations en plus"
"Ce rapport exclut toute nouvelle recette, alors que nous à l'inverse, nous disons qu'il faut aller chercher des recettes", martèle Éric Coquerel, pour qui le déficit se "creuse parce que les recettes vont être moindres, donc c'est bien la question des recettes". "Repousser l'âge de départ à la retraite dans un moment où la productivité du pays baisse, -3,5% entre 2019 et 2025, ça ne sert à rien de dire que vous allez pousser des gens à travailler plus longtemps si en réalité il n'y a pas l'activité économique qui correspond. Quand vous faites ça, c'est le chômage qui augmente, c'est l'emploi qui baisse, ce sont les plans sociaux prévus actuellement", juge-t-il. "Plus d'un travailleur sur deux qui arrive à la retraite est inactif parce qu'il n'a pas d'emploi".
"Vous pouvez repousser l'âge de départ à la retraite infiniment, s'il n'y a aucun emploi qui correspond, vous n'aurez fait qu'accroître les indemnités chômage ou le RSA."
Éric Coquerel, député insoumisà franceinfo
"Il faut faire en sorte d'aller chercher des cotisations en plus", lance Éric Coquerel. "De 62 à 64 ans, si vous voulez ne pas faire progresser l'âge de départ à la retraite, ça serait 0,15 point de cotisations patronales en plus pendant 7 ans. C'est un choix de société. Est-ce qu'on pense qu'il est impossible de faire cotiser les dividendes, les primes à l'intéressement et participation ? On pourrait récupérer 10 milliards", dit-il.
"Il faut faire en sorte que le partage des richesses dans ce pays, qui a été au détriment du travail depuis des années, reparte dans le sens inverse : du capital vers le travail. Il faut augmenter les salaires, créer de l'emploi, créer une activité économique qui fera rentrer des cotisations. Aujourd'hui, la politique proposée par le COR c'est admettre que nous sommes dans une situation de quasi récession ou en tout cas d'austérité maintenue, qu'on ne va plus produire des richesses, et qu'à partir de là, il faut pousser les gens à travailler plus longtemps. Ces gens qui travaillent plus longtemps n'auront pas d'emploi. Une solution qui paraît de bon sens, mais qui en réalité est absurde", conclut-il.