Belleville et Ménilmontant, la vibrante âme populaire de Paris
Une ambiance de village dans un Paris encore abordable. Voilà comment pourraient être brièvement évoqués les quartiers de Belleville et Ménilmontant, dont l’origine remonte au XVIIIe siècle. Successivement, ils ont accueilli les ouvriers parisiens chassés du centre par Haussmann et ses grands travaux pour loger la bourgeoisie, les communards, ainsi que les vagues d’immigration du XXe siècle. L’ère industrielle a laissé son empreinte à Belleville, ancienne terre viticole où ont été construits usines et logements ouvriers. Ménilmontant, qui surplombe la Ville lumière, attirait de son côté artisans et travailleurs modestes sur ses hauteurs. Et si ces quartiers n’échappent pas à une gentrification partielle, ils conservent, grâce aux nombreux logements sociaux, une forme de mixité sociale, et une certaine authenticité.
En pénétrant le quartier, n’hésitez pas à flâner dans ses rues qui constituent toujours un terrain de jeu pour les street artistes. Certaines voies sont de véritables galeries à ciel ouvert, comme la rue Dénoyez, haut lieu de bals populaires au début du XIXe et aujourd’hui couverte d’œuvres. Les amateurs d’art plus classique pourront visiter le musée Édith-Piaf, niché dans le quartier de Ménilmontant, berceau de la célèbre chanteuse. Et le tout sans débourser un centime : sur réservation, l’entrée est gratuite. Pour les férus de patrimoine, l’église Notre-Dame-de-la-Croix, construite selon le style néo-roman, vaut également le détour.
Une ambiance festive… et engagée
Au cœur du quartier, Belleville a son propre parc qui offre une des plus belles vues de Paris depuis le belvédère Willy-Ronis : la tour Eiffel, Montparnasse, les Invalides sont visibles depuis cette hauteur beaucoup moins fréquentée mais presque aussi élevée que Montmartre. On pourra également arpenter les 250 m2 de vignes de Belleville, qui offrent une petite centaine de bouteilles de rosé par an.
Autour du parc, on découvre les rues marquées par l’histoire d’un quartier qui longtemps irriguait la ville avec les eaux de pluie. De cette époque restent les noms des rues de la Mare, des Cascades, des Rigoles. On s’amusera à chercher les « regards », petites bâtissent en pierre qui servaient à contrôler la qualité de l’eau et dont quatre sont encore visibles depuis la voie publique. Pour sentir l’atmosphère du quartier, rien de tel qu’une déambulation dans la rue des Cascades, l’une des plus typiques du quartier avec ses maisons basses.
Autre incontournable, la Bellevilloise, où il est possible d’assister à des concerts ou des projections moyennant quelques euros, dans une ambiance chaleureuse et décontractée. Un espace qui témoigne aujourd’hui de l’ambiance festive du quartier. Mais, en rembobinant l’historique de ce lieu créé en 1877, et qui fut la première coopérative ouvrière parisienne, on replonge dans son passé révolutionnaire et (très) militant. Jaurès y prononça de nombreux discours et, en 1920, la jeunesse socialiste y adhéra aux thèses de la IIIe internationale avant même le congrès de Tours. En 1921, la CGT y avait installé la Maison des syndicats, rejointe par le Secours rouge international.
Une institution de l’Est parisien
Figure emblématique du syndicalisme français, Henri Krasucki a également grandi dans ces rues. Une place rend aujourd’hui hommage à l’ancien secrétaire général de la CGT (1982-1992), qui a construit sa conscience politique dans ces rues, en militant d’abord au sein de la jeunesse communiste, avant de rejoindre la Résistance sous l’Occupation. Rue Moret, le bar l’International constitue un autre lieu emblématique, réputé pour sa scène où se déroulent des soirées engagées, rythmées par des concerts gratuits.
À Ménilmontant, on trouve encore ce que furent des cités ouvrières et aujourd’hui de petits passages et allées piétonnes bordées de petites maisons datant du début du XXe siècle. Les deux plus remarquables sont la cité Leroy et la cité de l’Ermitage. Deux lieux à la fois havres de paix bucoliques dans le tumulte de la capitale d’aujourd’hui et témoins du vieux Paris.
Mais, quand on se rend à Belleville ou à Ménilmontant, c’est aussi pour se restaurer, avec des plats aux saveurs cosmopolites. Outre la cuisine asiatique, il est possible de déguster des mets venus d’Afrique et du Moyen-Orient dans ces quartiers à l’identité empreinte de diversité culturelle. Du côté de Ménilmontant, on trouve des menus de qualité qui font la part belle aux produits locaux. Et pourquoi pas déambuler à travers les allées du marché de Belleville en sortant de table ? Véritable institution de l’Est parisien, on peut s’y procurer fruits et légumes à prix imbattables tout en vivant une expérience typiquement parisienne.
Balade à la découverte de Belleville et Ménilmontant
Commune de départ : Paris. Type de balade : pédestre. Difficulté : facile. Durée : 2h30. Distance : 6km.
- Arrivée dans une gare parisienne, puis se rendre au métro Belleville
- Se diriger vers la rue Dénoyez pour (re)découvrir l’art urbain en flânant dans cette galerie à ciel ouvert.
- S’arrêter au bar l’International et assister à un concert gratuit dans ce lieu convivial en soirée.
- Visite matinale du musée Édith-Piaf (gratuit, sur réservation) pour s’immerger dans l’histoire de la chanteuse et du quartier.
- Pour les férus de patrimoine, se rendre à l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville.
- Se prélasser au parc de Belleville, en profitant de la vue panoramique du belvédère Willy-Ronis.
- Terminer le séjour au populaire café Aux folies, un bistrot emblématique.
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