Tennis : un treizième titre vingt ans après le premier, symbole d'une longévité impressionnante pour Gaël Monfils

Effacer Roger Federer des tablettes en lui chipant un record, volà qui n'est pas commun. Mais à 38 ans et 132 jours, Gaël Monfils a dépassé le Suisse en devenant le joueur le plus âgé à remporter un titre sur le circuit ATP depuis sa création en 1990 (contre 38 ans et 2 mois pour Federer à Bâle en 2019). Le Français s'est imposé samedi 11 janvier en finale de l'ATP 250 d'Auckland (Nouvelle-Zélande) contre le Belge Zizou Bergs (6-3, 6-4). Au plus mal entre 2022 et 2023 en raison de blessures, il a retrouvé le plaisir de jouer au tennis et repousse les limites de son corps pour étendre encore un peu sa longévité. 

Avec d'excellentes premières balles et de l'expérience pour sauver six balles de break dans le deuxième set contre Bergs, le Français s'est offert le luxe d'un excédent de bagages pour rallier Melbourne et l'Open d'Australie, avec un trophée. Le Belge, âgé de 25 ans, faisait presque office de minot face au vétéran Monfils, comme beaucoup de ses adversaires désormais. "On est venu ensemble à Brisbane, côte à côte dans le même avion. On a parlé et rigolé, il m’a dit : ‘J’ai fait 21 ans de carrière et toi tu as 21 ans’. On a vite compris l’écart entre nous", a plaisanté Giovanni Mpetshi Perricard, son prochain adversaire au premier tour de l'Open d'Australie pour un duel 100% français.

21 ans de carrière et désormais 13 titres pour un joueur qui force le respect de ses adversaires. "C’est l’un des meilleurs sinon le meilleur athlète de notre sport. Il est d’une agilité, d’une souplesse et d’une vitesse incroyables. C’est un joueur formidable à regarder, passionnant. C’est un super personnage avec beaucoup de charisme, il attire de nombreux fans dans les stades de tennis. Je le respecte beaucoup et j’espère que nous pourrons encore jouer avant de prendre notre retraite tous les deux", affirmait Novak Djokovic en connaissance de cause, avec ses 37 ans bien tassés, à l'issue de leur dernière confrontation à Brisbane le 2 janvier.

Objectif 40 ans

Mais la retraite, Gaël Monfils, contrairement aux autres Mousquetaires Jo-Wilfried Tsonga, Gilles Simon (déjà retraités) et Richard Gasquet (qui s'arrêtera cette année après Roland-Garros), semble toujours en repousser la date. "J’aimerais bien être un athlète qui joue jusqu’à 40 ans, performer correctement pour toujours jouer à haut niveau. Les critères qui m’aident à savoir si je peux jouer l'année suivante ou pas, c’est : être compétitif, prendre du plaisir et donner du plaisir", affirme-t-il dans une vidéo sur sa chaîne Youtube.

Pas épargné par les blessures depuis le Covid-19, l'ancien n°6 mondial (2016) aurait pu renoncer, mais a aussi été porté par l’envie que sa fille, née en octobre 2022, le voit "jouer un peu, et bien".

Après une blessure au mollet et de la fatigue mentale qui l’ont empêché de bien entrer dans sa saison 2021, Gaël Monfils s’est aussi remis de blessures au talon et au pied contractées en 2022. Un problème au poignet gauche l’a également empêché de s’exprimer pleinement en 2023 mais il a enfin re-goûté aux plaisirs de disputer une saison complète en 2024, avec 46 matchs et quelques coups d’éclats. Des victoires contre Ugo Humbert (15e) à Shanghai, Hubert Hurkacz (8e) à Indian Wells, mais surtout face à Carlos Alcaraz (3e) à Cincinnati, lui ont ouvert l’appétit pour ses dernières années sur le circuit. Il l'assure, Monfils aimerait "encore gagner un ou deux gros matchs contre des gros joueurs et vivre un ou deux gros matchs en Grand Chelem en 2025". Mais le tout sans se blesser, "parce que la blessure est plus dure à ce moment-là de la carrière"

Retour dans le top 50

Retombé à la 394e place au classement mondial en mai 2023, mais en conservant la possibilité de disputer les meilleurs tournois grâce à son classement protégé et des invitations, celui qui a notamment atteint une demi-finale à Roland-Garros (2008) a progressivement fait son retour dans le top 50, acté grâce à sa victoire à Auckland (41e). Il collabore à nouveau depuis mai 2013 avec le Suédois Mikael Tillstrom, qui l’avait déjà entraîné entre 2015 et 2018, ses meilleures années avec une demi-finale à l’US Open et une 6e place mondiale en 2016.

"Jouer au tennis, c’est mon jardin, c’est là où je me sens le mieux", clamait-il encore, avec motivation, dans une vidéo en compagnie de son ami Jo-Wilfried Tsonga. Sans donner de date, il a tout de même donné plus d’indications sur sa retraite, en précisant qu’il pensait arrêter après un Roland-Garros ou un Masters 1000 de Paris. Avant peut-être de se tourner vers la finance et la gestion de patrimoines, un domaine qui l’attire. Mais ce n'est pour le moment pas d'actualité.