Sommet sur l'IA : "Les Etats-Unis devront s'adapter, faute de quoi ils ne pourront pas vendre leurs services", assure Thierry Breton

"Les Etats-Unis devront s'adapter, faute de quoi ils ne pourront pas vendre leurs services", assure mardi 11 février sur franceinfo Thierry Breton, ancien commissaire européen au marché intérieur, alors que s'achève le sommet de Paris sur l'Intelligence artificielle

À la clôture de ce sommet, 58 pays, dont la Chine, la France et l'Inde (les co-organisateurs), ainsi que l'Union européenne et la Commission de l'Union africaine, se sont prononcés pour une coordination renforcée de la gouvernance de l'IA et ont appelé à éviter "une concentration du marché" afin que cette technologie soit plus accessible. Les 58 pays ont signé la déclaration pour une IA "ouverte", "inclusive" et "éthique". Les Etats-Unis ne font pas partie des signataires. 

Une décision qui ne surprend pas Thierry Breton "compte tenu des propos tenus depuis plusieurs semaines par celui qui allait devenir le président des Etats-Unis". L'ancien commissaire européen ne veut pas se laisser impressionner par ce pays et répond que l'Europe est "la première démocratie, avec l'Inde, du monde libre". Il ajoute : "Nous sommes une fois et demie plus grand que les Etats-Unis. L'Europe est une très grande démocratie" qui doit montrer qu'elle "n'a pas la main qui tremble et que l'on représente les intérêts de 450 millions de concitoyens".

"Il n'y aura pas d'exception pour les Etats-Unis sous prétexte que ce sont les Etats-Unis."

Thierry Breton, ex-commissaire européen au marché intérieur

dans franceinfo soir

"Nous sommes un marché ouvert", poursuit-il, "mais nous avons mis des règles". Ce qui a été mis en place pour protéger contre les dérives de l'IA "a été voté par notre démocratie", souligne Thierry Breton, qui ne veut pas céder du terrain aux Etats-Unis. "Si les plateformes américaines veulent vendre leurs services - et croyez-moi elles les vendront - elles devront respecter ces lois, comme les plateformes chinoises, singapouriennes, européennes".

Les Gafam "ne veulent pas de régulations"

Pour Thierry Breton, en tant qu'État de droit, l'Union européenne veut avant tout "protéger ceux dont on estime qu'ils doivent être protégés dans cet espace informationnel". Selon lui, "tous ceux qui disent qu'on régule trop et que ça tue l'innovation se font un peu les idiots utiles des Gafam". Des Gafam qui, selon lui, "ne veulent pas de régulations". 

Questionné également sur le fait que Donald Trump ait signé lundi des décrets imposant des droits de douane de 25% sur l'acier et l'aluminium importés aux Etats-Unis, et sur sa possible volonté de déclarer une guerre commerciale à l'Union européenne, l'ancien commissaire européen répond que cette guerre "est déclarée au monde entier : au Mexique, au Canada, à la Chine". "L'acier concerne tout le monde", affirme Thierry Breton qui rappelle que "15% des besoins d'acier aux Etats-Unis proviennent de l'Union européenne, nous sommes donc concernés". Toutefois, Thierry Breton se veut rassurant, affirmant que Donald Trump "a fait des menaces au Mexique, au Canada puis les a retirées ensuite pour entrer des discussions, on verra".