Six nations 2025 : malgré sa deuxième place, l'équipe de France a pris rendez-vous avec l'avenir, avant la Coupe du monde

Quatre victoires et un quasi-exploit ! Si, il y a six semaines, au sortir d'un Women XV au Canada loin de ses standards, on avait dit à l'équipe de France qu'elle serait à un point de faire vaciller les Anglaises chez elles à Twickenham, en finale du Tournoi des six nations, samedi 26 avril, elle aurait peut-être dû se pincer. C'est pourtant ce qu'ont réalisé les joueuses de Gaëlle Mignot et David Ortiz, finalement deuxièmes derrière les "Red Roses" avec quatre victoires dont trois bonifiées, et une défaite face aux Anglaises, malgré les six essais inscrits.

Sans dire que les Tricolores ont roulé sur l'Irlande, l'Ecosse, le pays de Galles et l'Italie, elles ont à chaque fois réussi à maîtriser leur sujet, à dompter les moments de doute, les passages à vide et à garder intacte leur confiance en leur collectif. "C'est quand même la base l'affect et la force du collectif, analyse Marie Sempéré, consultante pour France TV et ancienne joueuse du XV de France. Elles ont traversé plusieurs moments difficiles, 20 minutes en seconde période contre l'Irlande, la première mi-temps en Italie et à chaque fois, elles ont sorti la tête de l'eau."

Et que dire de ce supplément d'âme déployé en toute fin de partie contre les Anglaises pour les pousser dans leurs retranchements dans les ultimes moments de la finale ? "Finalement, dès qu'on leur met un peu de pression, elles sont comme tout le monde, elles sont humaines et se mettent à douter", a noté Pauline Bourdon Sansus à la fin du Tournoi. Au point d'arriver à les battre cet été chez elles en Coupe du monde ?

Un groupe en construction

"Les Françaises ont besoin d'acquérir un vécu commun, assure Marie Sempéré. Elles doivent vivre ce genre de situations encore et encore pour prendre de la confiance individuellement et collectivement, pour que les automatismes se créent, que les connexions entre les joueuses s'affirment". Parce qu'aujourd'hui le XV de France est un groupe jeune, "dont la moitié au moins n'a jamais joué une Coupe du monde". Quand on regarde côté anglais, en effet, la différence est flagrante : trois joueuses ont été sacrées championnes du monde en... 2014.

Du côté des Bleues, de jeunes talents se sont révélés : Kelly Arbey, 19 ans et 5 sélections, a inscrit un essai au XV de la Rose, Morgane Bourgeois, 22 ans et 13 sélections, a terminé meilleure marqueuse de la compétition, sans oublier les septistes Joanna Grisez et Séraphine Okemba, élue révélation du Tournoi. Bref, le vivier tricolore est un atout indiscutable.

"Je crois qu'on a une des meilleures secondes lignes du monde, avec Manaé Feleu et Madoussou Fall Raclot. Elles sont présentes dans l'état d'esprit, dans le combat. Ce sont de réelles leaders, qui rassurent par leur présence et font constamment avancer leur équipe".

Marie Sempéré

à franceinfo: sport

Marie Sempéré note également l'éclosion de Téani Feleu, et la belle surprise Manon Bigot, qui a parfaitement tenu son rang après la blessure de la talonneuse titulaire Agathe Sochat : "Si on doit franchir un cap, on doit trouver l'équilibre entre occuper le terrain adverse par le pied ou par la main et parvenir à sortir un peu du cadre. Je crois qu'elles ne doivent pas manquer d'audace pour progresser aujourd'hui".

Si le chantier en vue de la Coupe du monde s'annonce chargé pour combler les failles et les faiblesses de ce XV de France (ballons portés, sorties de rucks, jeunesse...) la prestation sur ce Tournoi 2025 avec notamment un match référence contre les Anglaises, "sur lequel les joueuses tricolores ont montré leur vrai visage même si elles n'ont pas gagné", selon Marie Sempéré, est globalement positive. Et augure d'un été des plus doux sous la brise et la grisaille britanniques qui pourraient, cette fois, enfin sourire aux Bleues.