Bombardements israéliens sur Gaza : "La mort, la panique et l'urgence sont de retour", rapporte Christian Cardon, porte-parole du CICR

"La mort, la panique et l'urgence sont de retour" à Gaza, rapporte mercredi 19 mars sur franceinfo Christian Cardon, porte-parole du CICR, selon qui "la situation a basculé en quelques heures". Il relate ainsi les impressions des équipes du CICR présentes dans la bande de Gaza, notamment à l'hôpital de Rafah, géré par la Croix-Rouge, alors qu'Israël a recommencé à bombarder le territoire mardi.

Voilà deux mois exactement que les combats s'étaient arrêtés. "Deux mois que la population espérait un semblant de normalité. Nos équipes médicales, y compris dans cet hôpital dans lequel le CICR travaille, se focalisaient sur des soins post-opératoires, du moyen voire du long terme. En quelques heures, tout a basculé dans l'urgence à nouveau."

"En moins de 48 heures, on fait face à une situation extrêmement compliquée, notamment en termes de staff médical : on n'a pas de rotation possible, donc il faut imaginer des chirurgiens, des infirmiers, des docteurs qui travaillent jour et nuit, ce qui va poser problème sur le long terme. Les équipes sont déjà débordées", raconte Christian Cardon.

"Jusqu'à quand ?"

Selon lui, "un autre problème va se poser très très rapidement : c'est celui du matériel médical, des médicaments. L'essence et l'aide humanitaire n'entrent plus depuis 17 jours". L'électricité est un autre problème soulevé : "Les hôpitaux ne sont pas épargnés, tant bien que mal certains hôpitaux vont essayer de fonctionner sous générateur, mais ils dépendent de l'essence." Il évoque ainsi "du très court terme".

"Vu l'intensité des hostilités qui ont repris, on ne voit pas comment en tant qu'humanitaires on va pouvoir tenir tellement plus longtemps", dit-il. "Jusqu'à maintenant, on a pu soigner les blessés qui sont arrivés, mais la grande question c'est : jusqu'à quand ? Ça dépendra de la nature des événements qui vont arriver."

Christian Cardon parle d'"urgences qui dépassent ce qu'on avait pu préparer". Selon lui, "l'urgence absolue, c'est la gestion de ce nombre de blessés absolument énorme qui arrivent. On parle de centaines de blessés sur l'ensemble de la bande de Gaza, mais les chiffres évoluent très rapidement".

Période extrêmement délicate

"L'autre énorme souci auquel font face les équipes, c'est l'insécurité, la possibilité de pouvoir se déplacer au sein de la bande de Gaza", avance le porte-parole du CICR. "On travaille dans des zones de guerre, c'est la mission première du CICR. On prend un maximum de dispositions, à commencer par un dialogue permanent avec les parties au conflit. On fait part de nos inquiétudes quant à la sécurité de notre staff, la sécurité des infrastructures civiles, la protection des civils. On est rentrés à nouveau dans une période extrêmement délicate à Gaza. Jusqu'à ce jour on arrive encore tant bien que mal à pouvoir opérer, mais la situation évolue très vite et on doit être extrêmement prudents", explique-t-il.