Complément d’enquête : Bardella «réfute formellement» avoir un compte Twitter secret et adresse une «mise en demeure» à France Télévisions
À cinq mois des élections européennes, Jordan Bardella et ses équipes n’entendent rien laisser passer. Pas même le moindre grain de sable qui pourrait enrayer leur machine électorale. Voilà pourquoi le président du RN n’a pas tardé à réagir aux révélations du magazine «Complément d’enquête». Un sujet, diffusé jeudi soir sur France 2, et portraitisant le député européen, prétend que le jeune homme de 28 ans aurait alimenté un compte Twitter, de façon anonyme, entre 2015 et 2017, alors qu’il n’était qu’un simple conseiller régional et secrétaire département du FN en Seine-Saint-Denis. Et donc inconnu du grand public.
Le profil, nommé «RepNat du Gaito», laisse apercevoir des publications attaquant vulgairement des adversaires politiques, faisant des plaisanteries douteuses à connotation raciste, ou glorifiant la personne de Jean-Marie Le Pen. Très loin donc de la «dédiabolisation» mise en place depuis ces années par Marine Le Pen, de la stratégie de «notabilisation» déployée par les 88 députés RN à l’Assemblée nationale depuis un an et demi, mais surtout de l’image policée et sans accroc que renvoit le dirigeant nationaliste.
«Je ne vais pas assumer des propos que je n'ai pas tenus»
Interrogé lors de ses vœux à la presse, lundi, Jordan Bardella a opposé à ces accusations un démenti catégorique. «Mon compte Twitter vous le connaissez (...) Je suis désolé de vous décevoir mais je n'ai qu'un compte Twitter (...) J'assume tous mes propos mais je ne vais pas assumer des propos que je n'ai pas tenus», avait rétorqué le successeur de Marine Le Pen à la tête du parti à la flamme. Selon les informations du Parisien et de l’Obs, le camp de Jordan Bardella met directement en cause celui de Florian Philippot, ancien numéro deux du FN, dont l’un des anciens assistants serait en réalité le véritable détenteur du compte Twitter en question.
Dans un extrait diffusé sur les réseaux sociaux de l'émission ce mercredi, Éric Richermoz, ancien cadre du FN dans la Somme passé depuis aux Patriotes - le parti de Florian Philippot -, affirme que «beaucoup de gens et beaucoup de jeunes avaient un compte Twitter fake pour faire des blagues et pour pouvoir parler plus librement». Parmi eux, Jordan Bardella. Trois autres sources confirmeraient d’ailleurs ces informations au magazine du service public.
Mercredi soir, le conseiller presse de Marine Le Pen et de Jordan Bardella a ouvertement mis en cause l’émission sur X : «Vous diffusez un tweet mensonger, sans même employer le conditionnel et sans préciser le démenti de Jordan Bardella qui réfute formellement être l'auteur de ces publications.» Ce dernier annonce même des poursuites ainsi que l’envoi d’une mise en demeure adressée par huissier, ce mercredi, à France Télévisions, pour empêcher la diffusion de l’extrait concerné. Alors que le chef de file RN aux européennes atteint, dans toutes les enquêtes d’opinion, autour de 28% d’intentions de vote, le plaçant 10 points devant la liste de la majorité, ce portrait télévisé aura-t-il un impact sur ces enquêtes sondagières ? Réponse dans les prochains jours.