H, de Bernard Minier: le tueur et son double
C’est le treizième thriller signé Bernard Minier. Un chiffre qui fait frémir les uns, réjouit les autres. Ce titre à unique consonne, H, est décliné par l’éditeur en slogan alléchant : « H comme hiver, H comme hécatombe, H comme… » Mais ce n’est pas vendre la mèche (c’est sur le site de XO Éditions !) que de dire ce que veulent entendre les lecteurs de Minier depuis Glacé (2011), Le Cercle (2012) et Nuit (2017) : « H… comme Hirtmann », du nom du célèbre psychiatre et tueur en série qui est à Servaz ce que le Professeur Moriarty était à Sherlock Holmes : son pire cauchemar ! Comment accepter de partager avec un pareil détraqué une même passion pour le compositeur Gustav Mahler ? Et, plus encore, comment élever un enfant, prénommé Gustav, que le fameux Hirtmann a eu entre ses mains pendant des années ?
Les nuits de Martin Servaz ne sont pas toutes calmes. Surtout depuis que le commandant a perdu son fidèle adjoint et ami, Espérandieu, dans d’atroces circonstances… Et aussi, depuis le retour de Lea, son dernier amour, partie travailler en Afrique et revenue changée. Au début de H, Servaz est d’ailleurs au repos forcé. Il a trop tiré sur la corde. Une situation qui ne va évidemment pas durer.
Un drôle de zig, écrivain à ses heures, à la tête d’une équipe de web sleuthers, une communauté de détectives amateurs qui échangent sur internet à propos d’affaires non résolues (cold cases ) ou en cour (true crime), contacte Servaz. Son « Club des Inénarrables Enquêteurs » et lui se disent capables de localiser Julien Hirtmann, en cavale depuis son évasion d’une prison autrichienne.
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Disparitions inquiétantes
À côté de cette joyeuse bande de nerds, qui compte dans ses rangs des jumelles pour le moins effrayantes, il y a un autre personnage douteux : le présentateur vedette de l’émission la plus regardée de France. Attaqué par la direction de la chaîne qui lui reproche des audiences en baisse, il décide, tout mégalo qu’il est, de provoquer Hirtmann, en lui proposant une interview exclusive ! Une folie à tous points de vue (une enquête officielle est en cours) et un risque qui ne semblent pas émouvoir le dénommé Damien Dix, personnage arrogant et suffisant, sûr de son fait et de son pouvoir médiatique.
Les disparitions inquiétantes se multiplient, on retrouve une famille massacrée (Hirtmann ne tue pourtant que des femmes). Les services de police sont sur les dents. Lorsqu’on découvre une miniature représentant une famille décimée chez un journaliste enquêteur chevronné (et suicidé), tout porte à croire qu’un seul homme peut en être l’auteur : Julian Hirtmann.
Bernard Minier est de retour et, soyons honnêtes : H est un bon cru ! Avec de multiples pistes et de nombreux enquêteurs, assermentés ou amateurs. Et surtout, un retournement de situation absolument imparable et inimaginable ! Maintenant, pour combler totalement ses lecteurs, il ne reste plus à l’auteur qu’à imaginer la rencontre entre ses deux personnages fétiches, Martin Servaz et Lucia Guerrero.