L'Iran dit travailler avec Pékin et Moscou pour empêcher des sanctions européennes
L'Iran travaille avec la Chine et la Russie pour empêcher d'éventuelles sanctions européennes, a déclaré jeudi le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi. L'Allemagne, le Royaume-Uni et la France ont dit être prêts à déclencher le mécanisme de rétablissement de sanctions contre l'Iran si aucune solution négociée n'est trouvée sur le programme nucléaire iranien d'ici fin août, dans une lettre adressée mardi au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
«Si cela se produit, ce sera négatif (...) Nous allons essayer de l’empêcher (...) Nous travaillons avec la Chine et la Russie pour empêcher la mise en œuvre du snapback», a indiqué Abbas Araghchi lors d’un entretien accordé à la télévision d’État. «Si cela ne fonctionne pas et qu’ils l’appliquent, nous avons des outils pour réagir», a-t-il ajouté sans plus de précisions.
Passer la publicitéLe trio européen, connu sous le nom E3, fait partie des puissances mondiales, avec la Chine, la Russie et les États-Unis, qui avaient négocié l’accord nucléaire historique de 2015 avec Téhéran, prévoyant un encadrement des activités nucléaires iraniennes en échange d’une levée des sanctions internationales. Le texte est devenu caduc lorsque Washington a décidé de se retirer unilatéralement du traité en 2018 sous la première présidence de Donald Trump, et Téhéran s’est alors affranchi de certains engagements pris.
Depuis des mois, les Occidentaux tentent de renégocier un traité encadrant strictement le programme nucléaire alors qu’ils suspectent l’Iran de vouloir se doter de l’arme nucléaire, ce que ce pays dément. L’avancement du programme nucléaire iranien fait l’objet de nombreuses spéculations depuis la guerre de douze jours entre Israël et l’Iran en juin et les frappes américaines sur les installations nucléaires iraniennes.
«Plus de 40 fois»
La guerre, déclenchée par une attaque inédite d’Israël contre l’Iran, a retardé le programme iranien mais aussi mis un coup d’arrêt aux négociations entre Téhéran et Washington d’une part et aux discussions avec le E3 d’autre part. Dans leur lettre, les chefs de la diplomatie française, britannique et allemande soulignent avoir «clairement indiqué que si l’Iran ne souhaite pas parvenir à une solution diplomatique avant fin août 2025, ou ne saisit pas l’opportunité d’une prolongation», ils sont «prêts à déclencher le mécanisme» permettant de rétablir à l’automne l’ensemble des sanctions internationales contre Téhéran.
Ils dénoncent en particulier l’accumulation d’un stock total d’uranium enrichi, «plus de 40 fois» supérieur à la limite fixée par le traité de 2015. Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Iran est l’unique pays non doté de l’arme nucléaire à enrichir de l’uranium à un niveau élevé (60%), bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par le traité.
Cette lettre intervient alors que l’échéance -- fin août -- pour enclencher le mécanisme de retour des sanctions internationales en octobre approche. Le 25 juillet, des émissaires français, britannique et allemand ont eu des discussions avec des responsables iraniens à Istanbul, mais sans résultat tangible. Le 20 juillet, Abbas Araghchi a affirmé que le E3 n’avait pas de légitimité à réenclencher le mécanisme de sanctions, dans un courrier adressé à l’ONU.