Attaques contre la science : "Si je perds mon salaire demain je ne sais pas ce que je fais", s'inquiète un scientifique français aux Etats-Unis
"Oui, j'ai peur, parce que mon salaire si je le perds demain je ne sais pas ce que je fais", déclare, jeudi 3 avril, sur France Inter Nicolas Flagey, astrophysicien au "Space Telescope Science Institute" à Baltimore aux Etats-Unis où le climat de peur est généralisé depuis l'arrivée de Donald Trump au pouvoir.
Les chercheurs américains travaillant dans le domaine du climat, de la santé publique ou de sujets en lien avec le genre et la diversité licenciés du jour au lendemain, sans ménagement, se comptent désormais par milliers. Une nouvelle journée de "Stand up for science" se tient jeudi. En France, il y aura un mouvement de soutien qui proposera dans les rues de Lyon ou Paris des activités, des discussions pour redire leur inquiétude.
"Les relents d'Allemagne des années 30"
"Avant que les activités de diversité, équité, inclusion deviennent illégales je travaillais un peu là-dessus", raconte Nicolas Flagey. "Je travaillais sur les efforts de durabilité sur l'impact que notre communauté a sur le changement climatique. Tout cela j'ai dû arrêter. Je suis en même temps connu par mes collègues comme étant quelqu'un qui voulait pousser à un changement dans ce sens-là", précise l'astrophysicien installé aux Etats-Unis depuis 17 ans.
Il est notamment chargé du suivi du télescope James Webb. L'administration Trump a rendu "illégaux" les efforts de diversité, d'équité et inclusion à la NASA notamment, agence fédérale avec laquelle travaille Nicolas Flagey qui doit donc lui aussi appliquer ces règles.
"Dans cette note qui était reliée aux efforts de diversité, équité inclusion, il était aussi indiqué qu'on devait faire un rapport, faire presque de l'espionnage sur ses voisins pour dire qu'il fallait le rapporter à nos supérieurs si quelqu'un continuait à faire ce genre d'activités parce que c'est interdit, vous voyez les relents d'Allemagne des années 30 que ça a, c'est exactement la même chose", s'inquiète le scientifique, qui dit parler uniquement en son nom propre.