« C’est simple, ils n’en ont rien à foutre » : le plan de « réorganisation » du Parisien prévoit la suppression de 54 postes
La pilule est difficile à avaler. D’ici cet été, 54 départs auront lieu au sein de Groupe Les Echos-Le Parisien, dans le cadre d’un plan de « modernisation » de l’organisation des rédactions. Dans un communiqué publié ce lundi 14 avril au soir, la direction du Parisien a annoncé son souhait d’une « rédaction résolument tournée vers le numérique » et promet d’être « plus agile pour répondre davantage aux attentes de (ses) lecteurs et porter (sa) stratégie de croissance digitale. »
Une stratégie qui a pour objectif de redresser le canard, propriété du groupe LVMH depuis 2015, en perte de 30 millions d’euros sur la seule année de 2024. Pour Aymeric Renou, délégué syndical SNJ au Parisien, « ce n’est pas un plan de modernisation, mais un plan d’économie mal planqué ».
« La direction ne veut rien entendre »
Portée par un gain financier, cette restructuration à un coût salarial. À l’issue de négociation, un accord a été signé entre l’entreprise et les représentants des salariés (GEPP), concluant le départ volontaire de 29 personnes à la rédaction du Parisien, et 10 supplémentaires dans les fonctions supports.
À cela, s’ajoutent 15 autres départs dans les fonctions transverses aux Échos. « Nous nous sommes battus, mais aujourd’hui nous sommes résignés. La direction ne veut rien entendre. Maintenant, nous misons sur des départs volontaires, soit en congé mobilité, soit en congé fin de carrière », déplore Aymeric Renou.
Des mouvements internes vont également avoir lieu au sein la rédaction, réorganisée en trois pôles thématiques : L’un « Vie publique » pour les sujets politiques, économiques, énergétiques, environnementaux, ou encore autour de la religion et de l’éducation. Un autre « Vie privée », qui traitera de la consommation, de l’immobilier, des transports, de la famille, de la santé, psy, et des hautes technologies. Et un dernier consacré aux « Faits Divers et Reportages ».
« Fusionner pour réduire la masse salariale »
Quid de la culture ? Aymeric Renou rassure, « un pôle loisir/culture est maintenu, comme le pôle sport ». Pour le délégué syndical, cette nouvelle organisation n’a qu’un but : « Fusionner pour réduire la masse salariale ». Il raconte que les journalistes n’ont pas été consultés, et dénonce un système « très pyramidal ».
Après avoir voté une motion de défiance à l’encontre de la direction de la rédaction et de la direction générale du titre, et mené un mouvement de grève pendant 24 heures en mars dernier, les élus du CSE se sont tournés vers un cabinet d’expertise pour évaluer le projet éditorial, et son impact sur l’organisation.
L’Humanité a pu consulter le rapport, et les conclusions sont sans appel : la méthode retenue est « porteuse de risques s’agissant des enjeux de préservation du métier et de prévention des risques ». Et, « l’absence de cadre organisationnel suffisamment précis laisse aux mains des seuls salariés qui l’exercent des aspects d’arbitrages individuels, terreau de développement des risques psychosociaux sur plusieurs facteurs de risques ».
Lors d’un CSE exceptionnel tenu ce lundi 14 avril, la synthèse du cabinet d’expertise a été présentée par les élus. La direction n’en a pas tenu compte. Pour Aymeric Renou : « C’est simple, ils n’en ont rien à foutre. »
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.
- En exposant la violence patronale.
- En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
- En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
Vous connaissez d’autres médias qui font ça ? Soutenez-nous !
Je veux en savoir plus.