Au Parisien, 29 suppressions de postes sur fonds de transition numérique

Coup de tonnerre dans la presse française. Après le Courrier Picard en janvier, le Parisien fait à son tour face à un plan de « réorganisation » qui prévoit la suppression d’une trentaine de postes à la rédaction. Les cadres du quotidien, Pierre Louette – PDG du groupe Les Échos-Le Parisien – et Sophie Gourmelen, à la tête du titre, ont dévoilé lors du CSE du jeudi 13 février la restructuration. Elle doit être mise en œuvre progressivement au cours du deuxième trimestre 2025.

Refonte totale de la rédaction

Cette transformation intervient après de lourds déficits en 2024 : en novembre dernier, les pertes sur l’année s’élevaient à 34 millions d’euros. Dans un message au personnel, auquel l’AFP a eu accès, la direction se justifie : « Le Parisien ne parvient pas à trouver un modèle économique. » Les causes évoquées sont l’inflation, les coûts de production et de logistique. 29 postes vont disparaître, dont dix dans les services supports, ce qui devrait abaisser le nombre de salariés de 419 à 390. Cela « permet d’envisager d’économiser une trentaine de postes, a indiqué Pierre Louette à l’AFP. Les départs auront lieu dans ce cadre sur une base de volontariat. »

La réorganisation repose sur une refonte totale de la rédaction. Six nouveaux pôles devraient voir le jour : vie publique (politique, entreprise, social, énergie, transports, éducation, religion), vie privée (famille, santé, conso, intime, etc.), faits divers, sports, cultures-loisirs et Île-de-France.

Aux salariés, ce nouveau modèle est présenté comme un « mode de fonctionnement simplifié afin de s’assurer d’une plus grande cohérence éditoriale, faciliter la collaboration et les synergies entre les équipes et une plus grande valorisation des contenus originaux ». Sur le plan éditorial, le quotidien prévoit de réduire sa couverture de certains secteurs tels que le théâtre, la littérature et les sports d’hiver alors qu’arrivent à l’horizon les JO 2030.

Des « dissolutions de services toujours sous-tendues par une logique d’économie »

En contrepartie, le titre de Bernard Arnault se lance dans une réelle transition numérique avec « une offre vidéo et podcasts densifiée et un développement soutenu de nouveaux contenus et produits numériques ». Une rédaction en chef centrale, « web first », aura « compétence sur l’ensemble de nos supports », est-il indiqué dans le message de la direction. Les directeurs ajoutent qu’il reste un « potentiel » à atteindre au niveau numérique.

400 salariés du Parisien se sont réunis jeudi soir lors d’une assemblée générale pour adopter une motion. Le texte dénonce des « dissolutions de services toujours sous-tendues par une logique d’économie » et s’inquiète des « conditions de travail avec ces suppressions de postes ». Une grève sera débattue et votée à la prochaine assemblée, prévue dans deux semaines. La motion rappelle « défendre l’existence d’éditions locales, refuser le détricotage des services, défendre le Parisien-Aujourd’hui en France comme titre d’information généraliste. »

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