Vers une vague de licenciements ciblés au Courrier Picard

Au lendemain de l’annonce d’un plan de licenciements, 69 des 70 journalistes du Courrier Picard, réunis en Assemblée générale mardi 14 janvier, ont voté à l’unanimité une motion de défiance à l’encontre de la direction.

« Ça a été un choc. On ne l’attendait pas aussi tôt ni de cette ampleur » confie Jeanne Demilly, journaliste du titre et porte-parole de l’intersyndicale. La menace d’un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) planait depuis trois ans au-dessus de la rédaction du quotidien. Elle a été mise à exécution ce lundi 13 janvier. Le dernier plan social date de 2010, année du rachat du titre par le groupe belge Rossel.

20 % des effectifs supprimés

Présenté par la direction lors d’une réunion extraordinaire du Comité social et économique (CSE), le PSE porte un coup aux effectifs du journal : 20 postes vont être supprimés sur les 102 salariés soit 20 % des effectifs du quotidien. Parmi les postes touchés : 14 à l’édition dont deux en CDD, soit la totalité du service, trois rédacteurs en chef adjoints et trois à la comptabilité.

La direction n’aurait pu mettre plus en lumière l’échec de sa stratégie qu’en s’engageant dans une marche arrière aussi frappante. Rappel des faits : en 2019, Mickaël Tassart, rédacteur en chef de l’époque et toujours en poste présentement, créait un pool d’éditeurs de 12 CDI afin de libérer du temps pour les journalistes sur le terrain.

Le service est supprimé dans son ensemble six ans plus tard. D’après la porte-parole de l’intersyndicale, la direction compte faire appel à une société extérieure de graphistes pour la réalisation de la maquette. « Tout le travail d’editing va retomber sur les journalistes de terrain, regrette Jeanne Demilly. Soit ils ne vont plus relire, soit ils seront moins sur le terrain. Nos conditions de travail et la qualité du contenu vont en être dégradées. »

Un état de choc partagé

Une motion de défiance contre la direction a donc été votée mardi 14 janvier en Assemblée Générale et une première phase de négociation doit avoir lieu vendredi 17 janvier. Carole Legris, journaliste à l’édition concernée par le plan, s’est exprimée avec émotion sur la crise de la rédaction.

« Je ne peux pas envisager de partir du titre et c’est un sentiment partagé par toute la rédaction ». Certains en situation de handicap, d’autres presque retraités et des jeunes, personne n’est épargné par le plan, une « première étape en vue de la revente du journal » d’après la journaliste.

Partir mais pour faire quoi ? Les salariés ont fait part de leurs inquiétudes aux différents syndicats. « On va essayer de réduire au maximum les conséquences pour ceux qui vont devoir partir » affirme Jeanne Demilly. Dans l’attente du détail du plan, révélé le 5 février prochain, la direction a rejeté la demande de la rédaction de publier un communiqué au sujet du PSE sur le site du Courrier Picard.

Satisfaire un actionnaire avide de bénéfices

Le communiqué du CSE est très clair : « Ce projet n’a pas de légitimité économique, sa visée est purement financière. » Pour Jeanne Demilly, les bénéfices du journal, entre 300 000 et 500 000 euros par an notamment sur des postes non-remplacés, ne suffisent pas au groupe belge, le principal actionnaire. « Il voudrait dégager un million de bénéfices. » assure la porte-parole de l’intersyndicale CFDT, SNJ, CGT, CFE-CGC, FO.

Le CSE rappelle dans son communiqué les fonds propres du groupe Rossel, à savoir 100 000 000 euros : « On est loin de faire face à un groupe au bord de la faillite. »

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