Troupes au sol, patrouilles dans les airs et en mer... Emmanuel Macron réunit les chefs d’état-major européens pour préparer le cessez-le-feu en Ukraine

Se mettre en ordre de bataille. Tandis qu'une délégation ukrainienne - dont le président Volodymyr Zelensky - se rend mardi 11 mars en Arabie saoudite pour y rencontrer les envoyés spéciaux de Donald Trump pour un cessez-le-feu entre Kiev et Moscou, après trois ans de guerre, les Européens aussi fourbissent leurs plans.

Quelque 30 pays appartenant à l'UE et ou à l'Otan sont ainsi attendus à l'Elysée, dont les chefs d'Etat-major des cinq principales armées européennes, que sont la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, l'Italie et la Pologne, pour évaluer la part que l'Europe pourrait prendre dans un éventuel arrêt des combats en Ukraine et, peut-être, dans l'accord de paix qui suivrait. Ce sommet se fera "en étroite coordination" avec "le commandement militaire de l'Otan qui sera aussi associé à cette démarche", selon le chef de l'Etat français.

De son côté, Emmanuel Macron, qui est à l'origine de ce sommet, entend montrer toutes les facettes de son "domaine réservé". En se montrant président diplomate et chef militaire, le chef de l'Etat entend donc convaincre "les chefs d'état-major des pays qui souhaitent prendre leurs responsabilités", de s'associer à un système de maintien de la paix en Ukraine. Les sujets de "défense européenne sont prégnants", souligne l'entourage du président, mais on doit aussi "montrer qu'on prend en charge les autres menaces".

Des garanties contre les possibles assauts de la Russie

Première des choses à faire : s'accorder entre Européens sur le volume, la dimension et la force que l'armée ukrainienne devrait prendre ou, au moins, garder dans ce cessez-le-feu. Les Européens, en effet, ne sont pas sans savoir que cette armée, désormais bien aguerrie et jusqu'à présent bien équipée, sera le fer de lance d'une défense européenne. La première des garanties contre les possibles assauts renouvelés d'une Russie conquérante, c'est l'armée ukrainienne. Il s'agit donc de la conforter, de l'armer encore davantage, sans doute. La Russie tentera, sans doute, dans une négociation d'exiger le désarmement de l'Ukraine.

A Paris, les chefs d'état-major, suivis mercredi par la réunion des Ministres de la défense des cinq mêmes pays européens devraient donc s'accorder sur le soutien à l'Ukraine. Sur le principe, tout le monde est d'accord. Or, dans la pratique, rien n'est moins sûr : sur les moyens, y compris militaires, à mettre en œuvre, c'est parfois plus compliqué. Ne serait-ce que parce que certains pays, du fait de leurs lois et textes fondamentaux, doivent pouvoir expliquer et convaincre leurs corps législatifs et leurs opinions publiques que c'est la (seule) bonne solution, à l'heure d'une volonté de désengagement américain en Europe... La réunion de Paris servira aussi à cela.

Des troupes au sol, une "police du ciel"...

La question d'un engagement européen en Ukraine, avec des troupes au sol, pour garantir la paix pourra être abordée, mais à la marge pour le moment. Les Etats-majors capables de planifier de telles opérations, les Britanniques et les Français, s'accordent : il faudrait au sol une force minimale "de l'ordre d'une grosse division soit de 20 à 30 000 hommes", selon un général interrogé par franceinfo.

Avant d'envisager de déployer des troupes, il faut définir les contours de ce que serait la mission de cette coalition de volontaires, avait toutefois précisé le ministre des Armées Sébastien Lecornu dans le journal La Tribune Dimanche : "Troupes de paix à des fins d'observation, de réassurance ou de déconfliction... La réunion des chefs d'état-major mardi va permettre de nourrir cette réflexion", selon lui. 

Mais on peut imaginer d'autres choses : les Ukrainiens proposent, par exemple, un cessez-le-feu quasi immédiat "dans les airs et en mer" le temps de la négociation. Cela voudrait donc dire une "police du ciel" pour contrôler ce cessez-le-feu, soit des chasseurs européens en patrouille au-dessus de l'Ukraine. En mer, c'est la Turquie qui pourrait intervenir pour déminer et patrouiller les eaux de la Mer Noire.

Reste à savoir ce que la Russie acceptera de tout ça. Mais ce travail de persuasion reste celui des Américains, et de Donald Trump en particulier.