REPORTAGE. "C'est un moyen d'assoiffer les gens et de tenter de les déplacer" : l'eau, l'autre arme des colons israéliens en Cisjordanie occupée
Alors qu'un demi-million de colons israéliens illégaux sont installés en Cisjordanie occupée, l'une des armes employées par certains colons pour tenter de déposséder les Palestiniens de leurs terres est de s'attaquer à la ressource en eau. Ils sabotent les canalisations, les puits ou les stations de distribution d'eau, impactant directement la vie des habitants. Ces dernières semaines de juillet, les colons ont multiplié les attaques sur la source d'Ein Samiyah, située près de Ramallah et où 18 villages s'approvisionnent à cette source.
À Kafr Malik, au sommet d'une colline, Jihad Gnimat, conseiller à la municipalité, pointe la vallée en contrebas. "C'est l'objet de la discorde !", lance-t-il, désignant la station de distribution d'eau. Il y a quelques semaines, des colons l'ont vandalisée. "Ils ont pris le contrôle des ordinateurs qui permettent normalement d'envoyer l'eau vers les villages. Couper l'eau comme ça, c'est un moyen d'assoiffer les gens et de tenter de les déplacer", s'indigne-t-il.
De l'eau en citerne... bien plus chère
En seulement quelques mois, plusieurs avant-postes de colons israéliens sont apparus sur les collines voisines. "Vous voyez la voiture des colons en bas, ils ont installé une porte qui ferme l'accès à la route, quiconque tente d'y accéder s'expose à une attaque", explique l'élu. Impossible d'accéder à l'eau en contrebas alors, en attendant, la compagnie des eaux achemine des camions-citernes. Mais la région de Kafr Malik compte de nombreuses fermes, très dépendantes des ressources en eau. "J'ai besoin d'eau pour mes moutons ! J'ai besoin de mille litres par jour", explique Adham, un berger de 21 ans.
Sauf que le coût de l'eau en citernes est bien trop élevé pour lui. "Avant, cela me coûtait 300 shekels par mois, maintenant, cela monte à 2 500 shekels. Je songe à vendre certains de mes moutons", confie le jeune homme, très inquiet. Si sa sécurité financière est en jeu, Adham assure toutefois qu'il ne quittera jamais son village.