REPORTAGE. "J'ai honte de ce pays" : ces Américains manifestent leur colère contre Donald Trump lors du "Labor Day"
Ils ont défilé contre Donald Trump et le pouvoir des milliardaires. Le 1er septembre, à l'occasion du "Labor Day", l'équivalent américain de notre 1er-Mai, des manifestations ont eu lieu un peu partout aux États-Unis. Pas de grandes foules, lundi, mais un rejet viscéral des méthodes de l'actuel président américain.
À Atlanta, en Géorgie, trois mots sont soigneusement tracés sur sa pancarte au feutre rouge : "Stop au coup d'État". Lauren, 78 ans, ancienne assistante juridique, a connu 14 présidents et celui-ci est de loin le pire. "Ah oui, sans hésiter !, acquiesce la grand-mère aux longues tresses argentées. Les autres, même si je n'étais pas d'accord avec leur politique, ils n'essayaient pas de prendre le pouvoir par la force, continue Lauren.
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"Trump avec tout ce qu'il fait tous les jours, je ne devrais plus être étonnée… Et pourtant, chaque fois, c'est pire. Ce matin, j'ai lu qu'il voulait renvoyer 700 enfants au Guatemala. Tu te dis : 'C'est pas possible, c'est pas vrai'."
Lauren, 78 ansà franceinfo
"J'ai honte de ce pays. Mais j'ai honte aussi parce que c'est nous qui avons laissé tout cela arriver", conclut-elle.
Pouvoir d'achat en baisse
Dans la foule relativement clairsemée qui s'est retrouvée au Woodruff Park, au centre d'Atlanta, en ce lundi après-midi, se trouvent beaucoup de syndicats ou d'associations ancrés à gauche. Les manifestants dénoncent les opérations de plus en plus militarisées de la police de l'immigration (ICE), les coupes budgétaires dans le domaine de la santé ou l'envoi de la garde nationale dans la capitale, Wahsington, ainsi qu'un pouvoir d'achat qui diminue.
Katie Giede, 33 ans, serveuse à Waffle House et membre de l'USSW (syndicat des travailleurs des services), explique : "Le remboursement des soins de santé se réduit, il faut en payer une partie de sa poche. Même en travaillant 40, 60 ou 80 heures par semaine, ce n'est pas suffisant. Quand la voiture tombe en panne et que votre enfant a besoin d'une nouvelle paire de chaussures, vous devez choisir. Or nous ne devrions pas avoir à faire ce genre de choix."
Pour la mère de famille, "si Trump n'est pas le seul responsable, il a aggravé les choses". "La seule chose qu'il faut réduire, selon une pancarte brandie à côté de Katie, c'est l'ego des millionnaires."
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L'opposition politique aux abonnés absents
Face à des décisions présidentielles souvent prises en dehors de toute légalité, Martha s'inquiète de la passivité du corps politique. "C'est dommage que les législateurs républicains fassent profil bas, ils pourraient être des héros en ce moment !, assure-t-elle. Même les démocrates ne font pas ce qu'ils devraient parce qu'ils veulent garder leur job et se faire réélire. Moi, j'aimerais bien qu'ils ripostent ! À propos du redécoupage électoral au Texas [une modification destinée à favoriser le camp républicain], certains démocrates disaient, 'faut qu'on le fasse, nous aussi'. Mais évidemment ! Sauf que les autres sont là : 'non, on ne peut pas, ce n’est pas bien'. Mais parfois, il faut combattre le feu par le feu, et faire avec ce qu'on a."
Même peu nombreux, les manifestants entendent maintenir la pression sur l'administration Trump : "Vous ne pouvez pas rester les bras croisés et regarder sans rien faire ce pays se réduire en morceaux".