Dans les enceintes qui longent le dernier kilomètre de la course, devant le centre de conférence de Kigali (Rwanda), le co-commentateur francophone crie son étonnement : « Un petit miracle est en train de se produire ! », lâche-t-il avec l’accent québécois. Sa compatriote Magdeleine Vallieres Mill vient alors de déposer, à 3 kilomètres de l’arrivée, ses compagnes d’échappée Niamh Fisher-Black (Nouvelle-Zélande) et Mavi Garcia (Espagne). Ces dernières (respectivement médailles d’argent et de bronze à l’arrivée) ne reverront pas la Canadienne, qui file dans cette dernière montée pour devenir championne du monde, avec 23 secondes d’avance. Une énorme surprise, la Québécoise de 24 ans n’avait jamais gagné de course majeure dans sa carrière, hormis un championnat national.
« J’ai été dans les bons “moves”, la chance était avec moi aujourd’hui », a réagi Magdeleine Vallieres Mill quelques minutes après avoir levé le bras sous les applaudissements de la foule rwandaise (dense dans la dernière côte mais plutôt clairsemée par ailleurs).
Les favorites ne se sont pas entendues
Sauf qu’il ne suffisait pas d’être au bon endroit au bon moment pour battre ses compagnes d’échappée, qui figuraient parmi les outsiders. Magdeleine Vallieres a tout de même « senti le bon coup », en suivant, à 35 kilomètres de l’arrivée, l’accélération de la Française Évita Muzic, aux côtés de Riejanne Markus (Pays-Bas), Mavi Garcia et Niamh Fisher-Black, avant que le trio final ne se détache au début de la dernière boucle de 13,6 km.
Sans le vouloir, cette attaque de la Jurassienne aura condamné sa leader, Pauline Ferrand-Prévot, et les autres favorites comme Demi Vollering (Pays-Bas), Elisa Longho-Borghini, ou Marlen Reusser (Suisse). Celles-ci ne se sont jamais entendues pour rouler sur les fuyardes. Reusser a tenté d’attaquer plusieurs fois, Ferrand-Prévot également, mais il était trop tard, le groupe de devant comptant 1’ 45” d’avance à 20 km de la fin.
« Franchement, j’ai fait ce que j’ai pu », a glissé la Française juste après la ligne d’arrivée, en se confiant à ses coéquipières. Visiblement frustrée d’avoir été ainsi piégée, elle devra attendre au moins un an pour redevenir championne du monde sur route – titre qu’elle a obtenu en 2014 -, son principal objectif avant de mettre fin à sa carrière. Magdeleine Vallieres Mill va elle endosser le maillot arc-en-ciel pendant un an. Jusqu’aux prochains Mondiaux… à Montréal.
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