Au Royaume-Uni, le gouvernement travailliste réduit certaines allocations sociales ou le nombre de leurs bénéficiaires

Le gouvernement britannique cherche à réaliser des économies un peu partout, pour relancer une croissance anémique. L'une de ses premières décisions, à l’arrivée au pouvoir des travaillistes en juillet, a été de restreindre l’allocation chauffage pour les retraités. Cette semaine, le gouvernement de Keir Starmer a annoncé de nouvelles mesures, concernant les prestations sociales pour les personnes handicapées ou malades chroniques.

Elles se partagent en deux groupes : le bâton et la carotte. Côté "carotte", quelques assouplissements : moins de contrôles, par exemple, pour renouveler les allocations – un processus stressant, surtout dans un contexte de maladies non curables. Mais côté "bâton", il sera plus difficile de décrocher l’allocation adulte handicapé à partir de 2026. Seules les personnes les plus dépendantes seront éligibles, et certaines aides seront moins élevées pour les nouveaux bénéficiaires. Le gouvernement lance aussi plusieurs consultations, notamment pour retarder à 22 ans l’âge minimum pour certaines allocations. 

Cinq milliards d'économies attendues

Le raisonnement est financier : le système actuel n’est pas tenable. Il y a environ quatre millions de Britanniques qui touchent une forme ou une autre de pension d’invalidité. Depuis la pandémie de Covid-19, leur nombre ne cesse d’augmenter, en particulier chez les jeunes, et aussi pour des maladies liées à la santé mentale – par exemple, les troubles anxieux. D’après les projections actuelles, la facture pour l’Etat dépasserait les 100 milliards de livres (120 milliards d’euros) en 2030. La réforme devrait permettre d’économiser cinq milliards de livres.

Il y a aussi une dimension plus idéologique, qu’on attendrait a priori davantage de la part du Parti conservateur que des travaillistes : le gouvernement veut "remettre les Britanniques au travail". Le week-end dernier, le ministre de la Santé estimait qu’il y avait une tendance à surdiagnostiquer, plutôt qu’encourager la résilience. 

Les associations alertent sur le risque de précarisation

Au Parlement, la majorité travailliste se fissure sur ce sujet, justement parce qu’on est loin des valeurs habituelles défendues par le Labour. Plusieurs élus ont exprimé leur honte d’appartenir au parti qui propose ces réformes. Dans l’opposition, les conservateurs estiment qu’il faudrait aller encore plus loin.
 
Mais du côté des associations (de patients, de droits liés au handicap…) il y a consensus : des dizaines de milliers de personnes invalides pourraient, selon elles, plonger dans la pauvreté, ou dépendre encore davantage de leurs aidants. La bataille parlementaire ne fait que commencer, et le gouvernement se prépare à une rébellion de grande ampleur.