En Grande-Bretagne, des soignants alertent sur la mort de patients soignés dans les couloirs d'hôpitaux saturés

Dans les couloirs, les placards, les toilettes voire le parking... Des patients meurent quotidiennement dans les couloirs des services d’urgence en Grande-Bretagne, selon un rapport publié jeudi 16 janvier par le principal syndicat infirmier du pays. Les soins "de couloirs" ou sur "chaise" sont en train de se normaliser au Royaume-Uni, dénonce-t-il, s'interrogeant sur la capacité du système hospitalier à faire face à l'hiver et ses épidémies.

Concrètement, près de 7 infirmières britanniques sur 10 déclarent devoir soigner, tous les jours, des patients dans des endroits inadaptés, révèle ce rapport sur la crise du "corridor care", ou "soins de couloir". Le syndicat infirmier Royal College of Nursing (RCN) a recueilli près de 5000 témoignages en quelques jours, dont celui de cette soignante partagé sur leur site. "Depuis octobre, j’ai fait toutes mes gardes sauf 4 dans des couloirs. Il n’y avait aucune dignité là-dedans. J’aurais été horrifiée de voir ma mère dans ces conditions. Mon métier, ce n’est pas ça...", dénonce-t-elle.

Des dégâts "dévastrateurs"

Certains soignants font état de patients faisant des arrêts cardiaques ou de femmes faisant des fausses couches dans ces couloirs. D'autres doivent être pris en charge dans des toilettes ou salles de bains, des vestiaires ou sur des parkings, ce qui met leur vie en danger faute d'accès aux moniteurs cardiaques, à de l'oxygène, ou de place pour être réaminés. 

Combien de patients sont-ils soignés dans des conditions indignes ? Avec quelles conséquences sur leur santé ? L’hôpital public ne parvient pas à quantifier. Patricia Marquis, directrice exécutive du syndicat, détaille son malaise à la BBC : "On parle aux patients en public, sans intimité. C’est plus dangereux : ces patients n’ont pas accès à l’oxygène, on peut difficilement leur apporter un défibrillateur si besoin… Et c’est aussi dévastateur pour les soignants : travailler jour après jour dans ces conditions leur mine le moral, et nous craignons qu’ils ne quittent l’hôpital.

Si l’épidémie de grippe contribue à la saturation des urgences, les soignants dénoncent un problème ancré depuis des années et réclament plus d’investissements, plus de soignants et plus de lits. La semaine dernière a été la plus chargée de l'hiver pour le système de santé britannique, à cause notamment de la circulation de la grippe et d'une vague de froid, a indiqué jeudi le directeur des soins cliniques d'urgence du NHS, Julian Redhead. Le taux d'occupation des lits était de 96% en Angleterre et une vingtaine d'hôpitaux ont fait état "d'incidents graves" aux urgences.