En Autriche, l’extrême droite et la droite échouent à former un gouvernement
Le chef de file du FPÖ, l’extrême droite autrichienne, a jeté l’éponge. Chargé de former un gouvernement en vertu d’un rapprochement entre sa formation et le parti populaire (ÖVP, droite), il a annoncé ce 12 février son incapacité à surmonter les divergences dans les négociations entamées il y a plus d’un mois.
La chancellerie paraissait ainsi ne plus pouvoir échapper à l’ultra-droite, pilier du groupe des « patriotes pour l’Europe » de Marine Le Pen et Viktor Orbán. On ne sait cependant pas s’il faut se réjouir de cet échec ou s’il est le prélude à un épisode encore plus marqué de la montée en puissance du FPÖ, crédité de 35 % (contre 29 %) par les sondages en cas d’élection anticipée.
Le chef du FPÖ, a informé le président de la république autrichienne, le vert Alexander Van der Bellen, de son échec. « Bien que nous ayons fait des concessions sur de nombreux points (…), les pourparlers n’ont malheureusement pas abouti », a-t-il déclaré en lui remettant donc le mandat qu’il lui avait confié le 6 janvier dernier pour prendre les rênes du pays.
La droite dénonce « la soif de pouvoir et l’intransigeance » d’Herbert Kickl
Le FPÖ était arrivé en tête des législatives de septembre dernier avec 29 % des voix devant le Parti populaire (ÖVP, 26,3 %). Des négociations entre l’ÖVP, le SPÖ, les Verts et les libéraux de NEOS, censées barrer la route au FPÖ, s’étaient soldées par un échec début janvier.
L’ÖVP a réagi à la rupture des tractations en fustigeant « la soif de pouvoir et l’intransigeance » de Kickl qui n’aurait été prêt à aucun compromis et aurait développé « des fantasmes de toute-puissance ». En matière d’environnement comme sur le rejet total de l’asile le parti d’extrême droite aurait, selon les dirigeants de l’ÖVP, maintenu ses positions les plus intransigeantes.
Il semble que la bataille autour de la direction du ministère de l’intérieur ait joué un rôle important dans les dissensions, en dépit de convergences économiques fortes sur la ligne ultra-libérale que les deux partis entendaient adopter. L’ÖVP proposait de couper le ministère en deux pour « limiter » les responsabilités du FPÖ aux domaines de l’asile et de l’immigration. La droite a déjà gouverné deux fois avec le FPÖ en Autriche, mais c’était elle qui occupait alors la chancellerie. Kickl a opté, dès le départ, pour une ligne dure.
Depuis le début des pourparlers, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblées pour dire leur rejet de voir l’extrême droite accéder au pouvoir. Mais l’intransigeance formulée par Kickl à l’égard de son partenaire n’est certainement pas dépourvu de calculs pour se dégager encore mieux la voie de l’accès au pouvoir. Lors des nouvelles élections qui pourraient se profiler rapidement le FPÖ caracole en tête à plus de 35 % dans les sondages contre seulement 18 % pour l’ÖVP.
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