Marine Le Pen condamnée : comment l’exécution provisoire crée une tension entre le juridique et le politique

La gauche n’a pas sabré le champagne. Ni fait montre de joie excessive, après l’annonce de la condamnation de Marine Le Pen à une peine d’inéligibilité de cinq ans, avec exécution provisoire (ce qui devrait l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle). Elle a d’abord pris acte du choix du tribunal.

« La justice a rendu son verdict et sa décision s’impose. Personne n’est au-dessus des lois », a réagi le PCF en insistant sur « la nécessaire probité des représentants ». « Marine Le Pen a été condamnée pour détournement de fonds publics. Est-il nécessaire de rappeler qu’il s’agit d’un délit ? » font mine de s’interroger les Écologistes, qui dénoncent les tentatives du RN « de discréditer la décision de justice ». « Être candidate à la présidentielle ne donne aucun passe-droit, la justice s’applique à tous », abonde le premier secrétaire du PS, Olivier Faure.

Pas de prise en compte du rapport de force politique par les juges

Fallait-il pour autant assortir la peine d’inéligibilité d’une exécution provisoire ? La question sort du champ juridique (la loi a été appliquée et celle-ci est le fruit de la volonté des élus de la nation) – pour entrer sur le terrain politique, puisque la décision a de facto des conséquences sur la compétition électorale. Si la FI annonce « prendre acte » d’une condamnation qui porte sur « des faits déclarés avérés particulièrement graves », le mouvement a aussi tenu à rappeler son opposition au fait « que le recours soit impossible pour un justiciable quel qu’il soit » – sous-entendu à l’application à effet immédiat de l’inéligibilité pour Marine Le Pen.

« La décision de destituer un élu devrait revenir au peuple », explique sur X Jean-Luc Mélenchon, qui est lui-même l’objet, depuis 2017, d’une enquête de l’office antifraude européen sur l’usage des assistants parlementaires à Bruxelles. Le fondateur de la FI redoutait déjà, cet automne, de voir « la crise politique aggravée » si Marine Le Pen était privée d’élection. En 2019, l’insoumis avait mené une campagne contre le « lawfare », entendre l’instrumentalisation supposée de la justice pour empêcher quelqu’un de concourir à des élections.

Pour rappel, un tribunal n’a pas à prendre en compte un rapport de force politique dans son verdict. Personne à gauche ne dit d’ailleurs qu’il a été guidé par cela. Pour appliquer la peine, les juges ont pris « en considération le risque de trouble à l’ordre public que constituerait une candidature à l’élection présidentielle d’une personne condamnée à l’inéligibilité », tel que prévu par la loi.

Cela n’empêchera nullement le RN de présenter un candidat pour cette échéance. « Nous les battrons dans les urnes quel que soit leur candidat », préviennent les Écologistes. Là-dessus, toute la gauche s’accorde. La décision de ce lundi n’épuise pas le sujet de la lutte contre l’extrême droite. Bien au contraire…

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