Laurent Lafitte a un emploi du temps très chargé. Après avoir incarné Molière dans Le Molière imaginaire en début d’année 2024, l’acteur de 51 ans a enchaîné les rôles, de Gérard de Villefort dans Le Comte de Monte-Cristo en juin, à Hervé Rioux dans Les Barbares en septembre, Lucien Guitry dans Sarah Bernhardt, La Divine en décembre et maintenant Georges dans Le Quatrième Mur. Le long-métrage de David Oelhoffen, sorti mercredi 15 janvier en salle, adapté du livre de Sorj Chalandon se déroule au Liban, dans les années 1980.
On y suit un metteur en scène de théâtre français (Laurent Lafitte), qui se rend à Beyrouth pour respecter une promesse faite à un vieil ami malade, celle de monter Antigone dans la capitale du Liban, avec une distribution mêlant des comédiens de différentes religions. Mais Georges va devoir faire face à la réalité de la guerre. Une prestation et un scénario qui ont presque fait l’unanimité auprès des critiques. Notre confrère Olivier Delcroix, qui s’est entretenu avec Simon Abkarian (qui interprète Marwan, le chauffeur Georges), souligne une approche «très réaliste du réalisateur». « La force du film tient notamment à la coïncidence de ses images avec celles qui nous parviennent du Proche-Orient, tous les jours, et avec le discours d’artistes originaires de ce coin du globe », souligne Télérama . « Loin des effets de mise en scène, le réalisateur laisse, intelligemment, une atmosphère presque documentaire imprégner son film. Le film « raconte avec finesse l’absurdité de cette situation (“C’est le Liban qui tire sur le Liban”, répond l’un des personnages pour éclairer Georges, qui ne comprend rien aux forces en présence). Il parle aussi du rôle de l’art dans la promotion de la paix et de la fraternité », ajoute Le Parisien .
Pour Le Point , David Oelhoffen signe un « film poignant, partagé entre des images de guerre et des scènes de répétitions entre des femmes et des hommes qui croient en ce moment de trêve où le verbe et la magie du théâtre font oublier le reste ». Un avis partagé par Première . C’est un « grand et beau film sur l’utopie, à travers ce choc permanent entre idées sincèrement idéalistes et la réalité tragiquement cruelle », félicitent-ils, complimentant également le jeu d’acteur du protagoniste. « Dans ce rôle, Laurent Lafitte trouve le ton juste dans une composition tout en retenue qui n’empêche cependant jamais de lire tout ce qui lui passe par la tête et par le cœur ».
Un film qui en fait « un peu trop »
Des talents également salués par 20 Minutes , qui le qualifie de « grand acteur » mais aussi par Le Nouvel Obs . « La réussite de l’ensemble doit beaucoup au formidable Laurent Lafitte. Malgré l’engagement sans limite de son personnage, il infuse le film de sa présence relâchée et malicieuse, de ses manières d’éternel touriste crépitant de pudeur et d’intelligence. »
Mais tous les avis ne sont pas aussi élogieux. Dans sa critique intitulée « Le Quatrième Mur avec Laurent Lafitte, hélas c’est le drame », Libération décrit un film qui « abuse des effets factices ». « Délaissant tout à fait la description du travail sur la pièce, qui aurait été une bonne issue, avec ses acteurs bien choisis (Manal Issa, Tarek Yaacoub, Pio Chahine, Simon Abkarian), le film va droit dans le panneau de la tension dramatique avec ses faux espoirs trahis, son efficacité de larmes fabriquées. » L’idylle « nous est annoncée à grand renfort de plans sur le visage de la belle, tandis que le récit, plutôt bien balisé dans sa première partie, s’enlise dans le mélo », rejoint Le Monde.
« Le rendu à l’image de cette histoire dont les échos sont toujours d’actualité apparaît trop théâtral et démonstratif, abîmant une réalité qu’il cherche pourtant à retranscrire», affirme Le Journal du Dimanche , tandis que L’Humanité considère que le réalisateur « en fait un peu trop ». « Effets sonores pour signifier le trouble du protagoniste dans des moments d’extrême tension, jeu tout en distanciation de Laurent Laffite, le film devient parfois trop programmatique. Il perd en fluidité ce qu’il gagne dans cette esthétique de la mise à distance et s’enferre dans un exercice de style. »