« Je ne suis pas au courant de ces choses-là » : Emmanuel Macron réfute tout lien avec Nestlé, malgré les accusations

Les informations de Radio France et du Monde ont poussé le président de la République à réagir. Mardi 4 février, le quotidien du soir et le service public ont révélé, documents à l’appui, que le géant de la consommation Nestlé a usé d’un lobbying régulier auprès du gouvernement Macron, arrivant jusqu’à recevoir l’écoute du cabinet de la première ministre d’alors, Élisabeth Borne, et du secrétaire général de l’Élysée – et fidèle du président -, Alexis Kohler.

Le tout afin de poursuivre la commercialisation des eaux non conformes à la réglementation et à risque pour la santé. Le service public et le quotidien du soir ont notamment dévoilé que le gouvernement avait à sa disposition toutes les informations nécessaires, entre une note rédigée en janvier 2023 par le directeur général de la santé (DGS), Jérôme Salomon, où il annonce que l’eau en sortie de puits n’est « pas microbiologiquement saine » ou un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), qui alertait en 2022 sur « un risque de contentieux avec la Commission européenne ».

« Échanges de mails et notes ministérielles »

Note qui aurait été transmise au cabinet de la première ministre, Élisabeth Borne, et qui recommandait de refuser à Nestlé toute dérogation. Mais un mois plus tard, les cabinets de Matignon et de l’Élysée auraient autorisé la microfiltration, selon les deux médias. Citant des « échanges de mails et de notes ministérielles », Radio France et le Monde accusent Matignon d’avoir dès 2023 « privilégié les intérêts de Nestlé au détriment des consommateurs ».

Des informations qui ne suffisent pas, selon Emmanuel Macron. En déplacement à l’institut Gustave-Roussy (premier centre de lutte contre le cancer en Europe), mardi 4 février, le président de la République a affirmé ne pas être « courant de ces choses-là ». Interrogé sur les liens présumés entre l’Élysée et Nestlé, le chef d’État s’est défendu en expliquant qu’il n’existait aucune « entente » ni « de connivence avec qui que ce soit ».

Le rapporteur de la commission d’enquête sénatoriale sur les pratiques des industrielles de l’eau en bouteille, Alexandre Ouizille, « a pris acte » des propos du chef de l’État, tout en affirmant qu’il revenait à sa commission « de vérifier si l’Élysée est en cause ».

« Nous irons, à travers nos auditions publiques et sous serment, au bout de la vérité », a-t-il prévenu, précisant qu’il prévoyait « d’étendre le champ des auditions aux conseillers de l’Élysée impliqués dans le dossier », avec « une possible audition d’Alexis Kohler ». Il a aussi indiqué qu’une délégation de la commission d’enquête se rendrait à l’usine Perrier de Vergèze, vendredi 7 février.

Un site qui se retrouve justement au centre d’une enquête publiée mercredi 5 février par Mediapart. Le site d’investigation dévoile que l’agence régionale de santé (ARS) d’Occitanie laisse deux mois à Nestlé pour « se mettre en conformité avec la réglementation ». La préfecture du Gard a, selon les informations de Mediapart, envoyé un courrier à la multinationale le 20 janvier 2025, dans lequel il critique la qualité de l’eau prélevée sur le site de Vergèze, pour la marque Perrier.

« Nestlé n’a pas déclaré ses rencontres avec Alexis Kohler »

Sollicité par l’Agence France-Presse (AFP), Nestlé a expliqué être « comme toute entreprise (…) amenée à dialoguer régulièrement avec les autorités de tutelle sur son activité ». « Les échanges au sujet du plan de transformation se sont inscrits dans ce cadre usuel. Quant aux demandes formulées auprès de certaines autorités, elles sont toutes déclarées et donc publiques sur le site de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), conformément aux règles en vigueur », a affirmé le groupe.

Dans la foulée, l’ONG Transparency International France a demandé la publication des conclusions de l’enquête de la HATVP sur le lobbying de Nestlé déclenchée en février 2024 : « Selon l’analyse du répertoire des représentants d’intérêt de la HATVP, le groupe Nestlé n’a pas déclaré ses rencontres avec Alexis Kohler et des conseillers de l’Élysée », affirme l’ONG qui dénonce une « omission de déclaration d’activité ».

La présidente du groupe insoumis à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot a de son côté estimé, sur Bluesky, que « la Macronie a déroulé le tapis rouge à Nestlé pour qu’ils puissent continuer à vendre hors de prix de l’eau volée et contaminée aux matières fécales ». La députée a ensuite annoncé avoir saisi la procureure de la République.

Le Parti communiste français (PCF) a, de son côté, exigé une « saisine rapide de la justice pour établir les responsabilités éventuelles, tant du côté de Nestlé que de toute autorité qui aurait laissé faire ou exercé une forme de dissimulation », dans un communiqué publié mardi 4 février. Le PCF demande aussi « la publication intégrale des rapports d’alerte sanitaire mentionnés dans l’enquête journalistique, l’obligation pour Nestlé de rendre publics les résultats des analyses d’eau, passées et à venir, une expertise indépendante et l’application des règles sanitaires et environnementales ».

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