Sofia Boutrih, directrice de la Fête de l’Humanité : « Cette 90e édition sera populaire, engagée, féministe »

L’Humanité a tiré la sonnette d’alarme sur les difficultés financières que le groupe rencontre à deux mois de la tenue de la fête. Ou en est-on aujourd’hui ? La Fête va-t-elle se tenir ?

Oui, la situation financière du journal l’Humanité est difficile, et ce n’est pas nouveau. Le contexte économique général pour la presse indépendante est très dur : hausse des coûts du papier, des frais postaux, baisse des recettes publicitaires… Ce sont des réalités qu’on ne peut pas ignorer. Évidemment, la Fête de l’Humanité n’est pas détachée de cette réalité. Elle fait partie du journal, et il y a un lien fort entre nos santés financières respectives.

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Grâce à la mobilisation des lectrices et lecteurs, je peux le dire aujourd’hui, la Fête de l’Humanité 2025 aura bien lieu. Elle se prépare activement, avec l’engagement des équipes, le soutien des lectrices et lecteurs, des militant.es qui, chaque année, rendent cette Fête possible. L’appel à souscription lancé par Fabien Gay a permis de franchir un premier cap, avec 30 % de l’objectif atteint. C’est encourageant, mais il faut poursuivre l’effort collectif.

Où en êtes-vous précisément de l’organisation à soixante et onze jours de l’événement ?

L’organisation est bien avancée et le plan général de la Fête se finalise. La billetterie a été lancée fin mars et nous venons d’ouvrir les réservations pour le camping et le parking, très attendues par notre public. Nos partenaires techniques sont déjà mobilisés, ce qui permet de dérouler les préparatifs dans de bonnes conditions.

Mais, surtout, ce qui fait la particularité de la Fête, c’est l’engagement des militants : des communistes, des organisations syndicales, des associations, etc., qui participent à toutes les étapes de l’organisation. C’est cette mobilisation collective qui donne à la Fête toute sa richesse. À ce stade, je peux dire que nous sommes dans les temps.

Qu’avez-vous souhaité améliorer d’emblée en prenant vos fonctions de directrice ?

Je suis directrice aujourd’hui, mais je reste avant tout une militante de la Fête. C’est un événement que j’ai construit comme bâtisseuse avec d’autres, année après année, et qui porte des valeurs qui me sont chères : l’égalité, la culture pour toutes et tous, sans exclusion.

Dès mon arrivée, j’ai voulu renforcer ce qui fait la force populaire de la Fête : une tarification accessible, mais aussi une attention particulière à l’inclusion. On a travaillé à améliorer les dispositifs d’accueil pour les personnes en situation de handicap – parkings, cheminements, plateformes d’accès aux concerts – pour qu’aucun visiteur ne soit mis à l’écart.

Et j’ai tenu à ce que la lutte contre les violences sexistes et sexuelles soit au cœur de nos priorités. Nous avons repensé la safe zone, avec plusieurs associations engagées, et mis en place un dispositif de prévention et de prise en charge plus solide. C’est aussi, pour moi, une manière de réaffirmer que la Fête de l’Humanité est un espace féministe. On ne peut pas se dire progressiste sans porter une vraie culture de l’égalité, dans les actes comme dans l’organisation.

Quelles grandes orientations avez-vous souhaité lui donner cette année ?

La Fête portera haut la solidarité internationale, avec un message clair pour la paix et la justice, notamment en soutien au peuple palestinien et à tous les peuples opprimés. Elle sera aussi marquée par deux anniversaires forts : les 130 ans de la CGT et les 80 ans du Secours populaire. L’un incarne la continuité des luttes sociales, l’autre rappelle l’importance de la solidarité concrète, dans un contexte de recul des droits et d’abandon des plus fragiles.

Et puis, cette Fête, je veux qu’elle soit à l’image des combats que je porte : populaire, engagée, féministe, ouverte à toutes celles et ceux qui refusent la résignation.

Côté programmation, quelles seront les nouveautés ?

Cette année, on propose un vrai parcours dédié aux familles et aux jeunes publics, pour que la Fête reste un lieu intergénérationnel, vivant et accessible. Côté culture, un des grands temps forts sera la comédie musicale la Haine, un projet inédit, politique, populaire et d’actualité.

Nous aurons aussi l’honneur d’accueillir l’émission la Dernière de Radio Nova, en direct depuis la Fête, avec Guillaume Meurice. Un moment à la fois drôle et engagé. Et puis une nouvelle scène verra le jour, avec une programmation musicale pensée pour surprendre, faire découvrir et rassembler largement.

Pour le reste, je vous laisse venir découvrir les autres surprises sur la Fête !

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