Cyclisme : les ambitions de FDJ-Suez, le retour de Pauline Ferrand-Prévôt... Pourquoi la saison 2025 est particulièrement passionnante dans le peloton féminin

Après une intersaison mouvementée, qui a vu les effectifs des meilleures formations mondiales être considérablement retouchés, le peloton féminin s'est plongé, depuis février, dans une année 2025 particulièrement attendue. Paris-Roubaix, samedi 12 avril (en direct sur France 3 et france.tv dès 14h40), en est l'un des temps forts. Franceinfo: sport vous explique pourquoi cette saison est probablement la plus excitante à suivre depuis la professionnalisation du peloton à la fin des années 2010, et encore plus du point de vue français.

Le niveau augmente et le peloton s'homogénéise

"Le peloton est en progression constante, comme le niveau des filles. Elles s'accrochent plus longtemps. Là où il restait encore 10 coureuses, elles sont 30. La densité est plus importante, ce qui laisse la porte ouverte à plus de suspense en course". Cette analyse est celle de l'ex-championne de France Audrey Cordon-Ragot, qui a passé 16 saisons dans le peloton (2008-2024). 

"La raison la plus importante [qui fait de cette saison une saison passionnante], c'est la redistribution des cartes majeures dans plusieurs équipes différentes", insiste cette dernière, consultante pour Eurosport. Parmi les mouvements les plus importants de cette intersaison agitée, la FDJ-Suez s'est renforcée avec les arrivées de Demi Vollering, de Juliette Labous et Elise Chabbey. SD-Worx a perdu Demi Vollering mais a récupéré Anna van der Breggen et Marta Lach. Elisa Longo Borghini a renforcé UAE. Cecilie Uttrup Ludwig a rejoint Canyon//SRAM.

"Au-delà de l’aspect performance, se faire une place dans le peloton est bien plus difficile aujourd’hui qu’avant."

Demi Vollering, vainqueure du Tour de France 2023 et de la Vuelta 2024

en conférence de presse

"Les jeunes qui arrivent ont tout de suite les moyens de s'exprimer en sortie des juniors. Elles ont les dents qui rayent le parquet. Il y a petit moins de respect de la hiérarchie et plus d'envie de gagner tout simplement, de ne pas laisser sa place et ce qui donne un peloton parfois plus tendu, où il est plus difficile de se faire sa place, même pour une fille comme Vollering", confirme Audrey Cordon-Ragot.

La meilleure coureuse du monde évolue dans une équipe française

C'était le plus gros transfert de l'intersaison et peut-être même de l'histoire du peloton féminin. La vainqueure du Tour de France femmes 2023, Demi Vollering, a rejoint l'équipe française FDJ-Suez. Détrônée pour quatre secondes l'été dernier, la Néerlandaise de 28 ans est arrivée avec le couteau entre les dents. Son manager Stephen Delcourt n'entend pas cacher les nouvelles ambitions de l'équipe, notamment sur le Tour de France. "On y va pour gagner et ramener le maillot jaune", a-t-il assumé lors de la présentation de l'équipe début février.

Vollering s'est imposée dès son premier jour de course sous les couleurs rouge et bleu, sur la Semaine cycliste de Valence. Elle en a remporté ensuite le classement général. La Néerlandaise a également complété son premier gros objectif de la saison en récupérant son trône sur les Strade Bianche. Plus encore que son talent, elle bénéficie de l'une des meilleures gardes rapprochées du peloton, notamment en montagne. Les deux meilleures coureuses françaises, la championne nationale Juliette Labous et Evita Muzic, toutes deux déjà quatrièmes du Tour de France femmes, ont notamment accepté l'idée de jouer les coéquipières.

Pauline Ferrand-Prévôt est de retour avec de grandes ambitions

Après avoir délaissé la route pour le VTT fin 2018, Pauline Ferrand-Prévôt a fait son retour dans le peloton début 2025 sous les couleurs de l'équipe Visma-Lease a Bike. A 33 ans, la Française avait annoncé la couleur dès l'été dernier, juste après son sacre olympique. "Je veux avoir gagné le Tour d'ici trois ans", a même réaffirmé l'intéressée en mars, au micro d'Eurosport.

Avant de s'imaginer monter au sommet de la boîte, la Rémoise a de nombreux paliers à franchir. Son chemin a commencé en février sur le Tour des Emirats arabes unis, où elle a montré qu'elle n'avait rien perdu de son sens de la course, étant systématiquement bien placée dans les bordures. Son premier test en montagne s'est en revanche conclu sur un échec. Logique. Puis "PFP" a lancé sa campagne de classiques et est apparue plus qu'à son avantage sur les Strade Bianche (3e), Milan-San Remo (4e avant son déclassement à la 12e place) et le Tour des Flandres (2e).

Pauline Ferrand-Prévôt n'est pas la seule star du vélo à avoir fait son grand retour. A bientôt 35 ans (le 18 avril), Anna van der Breggen s'est aussi lancé le défi de jouer les premiers rôles. Retraitée depuis la fin de la saison 2021, elle était passée de l'autre côté du Rubicon en assurant le rôle de directrice sportive, suivant l'armada SD-Worx dans la voiture plutôt qu'avec un dossard accroché dans le dos.

Après le dénouement fou de l'édition 2024, le Tour de France femmes est très attendu

En plus d'être inédite, l'arrivée à l'Alpe d'Huez le 18 août 2024, a été le théâtre de l'un des moments les plus marquants du peloton féminin. Partie à l'attaque à 50 kilomètres de l'arrivée, Demi Vollering avait tout donné pour remonter son retard de 1'15" sur Katarzyna Niewiadoma, avec l'objectif de récupérer la première place du classement général le dernier jour du Tour. La Néerlandaise, traînant une fracture du coccyx depuis trois jours à cause d'une lourde chute, s'était imposée mais avait échoué dans sa quête pour quatre petites secondes.

Cette année, les prétendantes seront encore plus nombreuses. Vollering et Niewiadoma seront encore de la partie, mais devront aussi ferrailler avec la championne du monde Lotte Kopecky, Pauline Ferrand-Prévôt, Anna van der Breggen ou encore Elisa Longo Borghini. Aucune de ces quatre têtes d'affiche n'était présente en 2024. Pour sa quatrième édition, le Tour de France femmes sera aussi légèrement plus long, le total d'étapes passant de huit à neuf. "Jamais le dernier week-end n'aura été aussi dur", promet Marion Rousse, la directrice de la course conclue par quatre étapes de montagne, une première.