Échec des négociations en Nouvelle-Calédonie : "Il y avait un chemin possible mais Manuel Valls a gâché cette chance-là", déplore la cheffe de file des Loyalistes

"Il y avait un chemin possible mais Manuel Valls a gâché cette chance-là", déplore, jeudi 8 mai sur France Inter, la cheffe de file des Loyalistes Sonia Backès, après l'échec des négociations sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Les discussions engagées cette semaine entre indépendantistes et non-indépendantistes sous l'égide du ministre des Outre-mer n'ont abouti à aucun accord, ni sur le corps électoral, ni sur le processus d'autodétermination, a annoncé Manuel Valls jeudi.

Trois référendums d'autodétermination ont eu lieu en 2018, 2020 et 2021 et se sont soldés par une victoire du "non". Le dernier, en 2021, avait été boycotté par les indépendantistes, laissant le processus sans issue claire et conduisant aux émeutes de mai 2024, qui ont fait 14 morts et plus de deux milliards d'euros de dégâts, sur fond de crise économique aiguë.

Les négociations sur le futur statut de la Nouvelle-Calédonie ont été relancées début 2025. Le projet présenté par le gouvernement prévoyait la création d'une double nationalité (française et calédonienne) et d'un statut international de la Nouvelle-Calédonie, ainsi qu'un transfert des compétences régaliennes. Ce projet a suscité l'indignation des non-indépendantistes, qui estimaient qu'il revenait à acter l'indépendance du territoire.

"Le ministre a essayé de nous tordre le bras"

"Comment le numéro 3 du gouvernement peut arriver en Nouvelle-Calédonie et dire 'ok, vous avez voté trois fois, mais j'ai décidé de quand même donner l'indépendance à ce territoire parce qu'il y a eu de la violence le 13 mai dernier ?" réagit, jeudi, Sonia Backès, présidente de l'Assemblée de la province Sud. Elle a participé aux négociations et rejeté le plan de Manuel Valls. "Quel est le message envoyé aux Français, aux Calédoniens et aux autres territoires d'Outre-mer ? On donne l'indépendance à un territoire qui a décidé par trois fois de rester français", estime-t-elle.

Selon les Loyalistes, "le ministre a essayé de nous tordre le bras à nous, en pensant qu'on allait se rallier à ce projet, en disant publiquement, avant le début des négociations, 'c'est l'accord ou le chaos'", poursuit Sonia Backès. "Je pense qu'il y avait vraiment un chemin possible, qui était étroit, personne ne se leurrait sur la difficulté de l'exercice, mais il a gâché cette chance-là en faisant le choix de dire 'je considère que c'est le sens de l'histoire donc il vaut mieux donner l'indépendance maintenant'", estime-t-elle.