Guerre dans la bande de Gaza : ce que l'on sait des frappes israéliennes meurtrières malgré le cessez-le-feu
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Des attaques d'une ampleur sans précédent depuis deux mois. Israël a mené des frappes aériennes massives dans la nuit du lundi 17 au mardi 18 mars, faisant au moins 330 morts dans la bande de Gaza et une dizaine de blessés, selon un bilan provisoire du ministère de la Santé gazaoui, administré par le Hamas. Les victimes sont "en majorité des enfants et des femmes palestiniens", affirme le directeur du ministère, Mohammed Zaqout, à l'AFP. L'Etat hébreu a par ailleurs promis de poursuivre l'offensive à Gaza jusqu'au retour de tous les otages. Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de ces bombardements et de leurs répercussions dans la région.
Des frappes menées au nom des otages israéliens
Ces attaques, décidées par le Premier ministre Benyamin Nétanyahou et son ministre de la Défense Israël Katz, font suite "au refus répété du Hamas de libérer nos otages ainsi qu'à son rejet de toutes les propositions qu'il a reçues de l'envoyé présidentiel américain Steve Witkoff et des médiateurs", selon un communiqué du gouvernement israélien. Israël continuera de combattre dans la bande de Gaza "tant que tous les otages ne seront pas rentrés chez eux", a par ailleurs prévenu Israël Katz.
Mais le Forum des familles d'otages, groupe représentant les proches des otages détenus à Gaza, a critiqué cette offensive et a appelé à "arrêter de tuer" leurs proches. Selon un communiqué, "les familles des otages exigent une réunion ce matin avec le Premier ministre, le ministre de la Défense et le chef de l'équipe de négociations, au cours de laquelle on leur assurera comment les otages seront protégés de la pression militaire et comment on compte les ramener".
Les Gazaouis sommés d'évacuer certaines zones
Après ces frappes nocturnes, l'armée israélienne a ordonné à la population de Gaza d'évacuer les zones frontalières de l'enclave. Cet ordre d'évacuation vaut "spécialement" pour les régions de Beit Hanoun, Khirbet Khuza'a, Abasan al-Kabira et Abasan al-Jadida, qui sont des "zones de combats dangereuses", a déclaré le porte-parole arabophone de Tsahal, Avichay Adraee, appelant les habitants à "se déplacer vers les abris dans l'ouest de la ville de Gaza et dans la ville de Khan Younès".
Avant de bombarder la bande de Gaza, Israël a consulté son allié américain, a affirmé la Maison Blanche lundi soir. "Comme le président [Donald] Trump l'a bien fait comprendre, le Hamas, les Houthis, l'Iran, tous ceux qui cherchent à terroriser non seulement Israël, mais aussi les Etats-Unis d'Amérique, devront en payer le prix", a déclaré la porte-parole de la présidence, Karoline Leavitt, sur la chaîne Fox News.
Benyamin Nétanyahou accusé de "torpiller" la trêve
En réaction, le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, a accusé Benyamin Nétanyahou de "torpiller" la trêve en cours dans l'enclave palestinienne et de vouloir "sacrifier" les otages retenus par le mouvement islamiste depuis le 7-Octobre. Le Premier ministre israélien "a décidé de reprendre la guerre d'extermination dans laquelle il voit une bouée de sauvetage pour les crises internes" que traverse Israël, a encore affirmé l'organisation islamiste.
Ces frappes font suite à des semaines de négociations infructueuses pour une prolongation de la trêve. Le Hamas avait réclamé de passer aux négociations sur la deuxième phase de l'accord, qui prévoit un cessez-le-feu permanent, le retrait israélien, la réouverture des points de passage pour l'aide et la libération des derniers otages. Mais Israël souhaite une extension de la première phase jusqu'à la mi-avril et réclame, pour passer à la deuxième, la "démilitarisation totale" du territoire palestinien et le départ du Hamas.
Depuis l'entrée en vigueur de l'accord de trêve le 19 janvier dernier, après quinze mois de guerre meurtrière, l'armée israélienne a régulièrement frappé la bande de Gaza. Neuf personnes sont ainsi mortes samedi sous les bombes israéliennes à Beit Lahia, dont quatre journalistes palestiniens, d'après le bilan dressé par la Défense civile de Gaza. Mais les frappes nocturnes de lundi à mardi ont atteint une intensité inédite depuis deux mois.
Une décision condamnée par la Chine et le Yémen
Face à ce regain de tensions, Yair Golan, chef de l'opposition israélienne, a suggéré sur X que ces frappes décidées par le Premier ministre Benyamin Nétanyahou visaient à détourner l'attention de la décision du gouvernement de limoger le directeur des services de renseignement intérieurs israéliens. "Nétanyahou risque la sécurité du pays pour se sauver", affirme-t-il, alors qu'un vote du cabinet sur l'avenir de ce dernier était prévu mercredi, selon le New York Times.
A l'international aussi les premières condamnations se font connaître. La Chine s'est dite "extrêmement préoccupée" et a appelé toutes les parties à empêcher une "catastrophe humanitaire". Après avoir menacé récemment d'attaquer les navires israéliens en mer Rouge, les rebelles houthis du Yémen ont également dénoncé ces bombardements. Le Conseil politique suprême du mouvement a ainsi affirmé que "le Yémen continuerait à soutenir [les Palestiniens] et à intensifier la confrontation".
Le Hamas a par ailleurs appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à se réunir en urgence et à adopter une résolution pour contraindre Israël à "cesser l'agression" et retirer ses troupes de toute la bande de Gaza. Une réunion du Conseil prévue avant les frappes est censée se dérouler à New York mardi à 15 heures (heure française).