VIDEO. "La vie d'avant était si jolie..." : une enfant palestinienne raconte comment la guerre à Gaza a bouleversé le quotidien de sa famille

"Cette vie ici est nulle. La vie d'avant était si jolie." Nissan Aila a dû quitter le bel appartement dans lequel elle vivait avec sa famille, chassée par les bombardements de l'armée israélienne sur la bande de Gaza, en représailles aux attaques terroristes du Hamas en Israël du 7 octobre 2023. Avec ses parents, son frère et sa sœur, la fillette de 7 ans dort désormais sous une tente, dans un camp de déplacés à Deir el-Balah, dans le centre de l'enclave palestinienne. 

Les paroles de cette petite fille palestinienne sont recueillies dans le documentaire Fragments de guerre, réalisé par Solène Chalvon-Fioriti. Diffusé dimanche 9 mars à 21h05 sur France 5, le film raconte le conflit israélo-palestinien de l'intérieur, au travers de témoignages de femmes qui le vivent au quotidien. 

"Nous, les femmes, on forme aussi une résistance" 

"Mon Dieu, si tu savais comme on était heureux...", se remémore la petite fille palestinienne. C'était avant les attaques du 7-Octobre, la riposte de l'armée israélienne et les longs mois de combats et de destructions qui en ont découlé... Depuis, ce bonheur ordinaire a disparu. Entassée dans une voiture avec quelques bagages, la famille Aila a dû se déplacer cinq fois dans différents camps de Gaza.

Le père de famille, médecin, travaille sans relâche dans un hôpital, se gardant de parler de ses journées à ses enfants. Une façon de les préserver de l'horreur vécue dans ce territoire, où, depuis le début du conflit, plus de 14 500 enfants ont été tués et 25 000, blessés, selon l'Unicef"Quand je pose des questions à maman sur la guerre, elle ne me répond pas. Elle me traite comme un bébé. Tout le monde sait pourtant que je suis courageuse", lance Nissan, qui continue ses jeux de petite fille malgré les conditions de vie. Mais, lorsqu'un avion passe avec fracas au-dessus de sa tête, la panique l'emporte et la petite fille explose en larmes, en se bouchant les oreilles.

Malgré le danger et la peur permanente, la famille de Nissan tente de maintenir un semblant de vie normale. Sous la tente, la mère de la fillette, institutrice, s'applique à faire régulièrement école à ses enfants, afin d'essayer de maintenir une forme d'équilibre. La mère de Nissan, comme sa tante Shrouq, utilisent toutes sortes de subterfuges pour rendre la vie plus douce à leurs enfants. Les bombardements étant plus intenses la nuit, elles couchent les petits lorsqu'il fait encore jour en leur chantant des comptines. En dépit des contraintes, elles cuisinent un gâteau pour fêter un anniversaire ou emmènent les enfants à la plage.   

"On essaie de faire en sorte que les enfants gardent un pied dans la vie, pour que cette situation misérable soit un peu plus normale pour eux et qu'ils puissent l'affronter. Parfois, on leur ment, on leur dit que l'on est ici pour faire du camping, pour dormir dans la nature, pour découvrir des insectes."

Shrouq Aila, journaliste et tante de Nissan

dans le documentaire "Fragments de guerre"

La tante de Nissan élève désormais seule sa petite fille. Son mari, journaliste comme elle, a été tué par une frappe alors qu'il effectuait son métier dans la bande de Gaza. "Je suis devenue veuve pendant la guerre, donc je ne sais pas ce que c'est d'être veuve en temps normal, sans attaques, confie Shrouq qui, face à la tragédie qui la touche, aurait aimé pouvoir remettre son enfant dans son ventre. Pour le moment, de toute façon, je me contiens, tous mes sentiments, je les contiens, je n'ai pas le luxe pour faire mon deuil."

Mais elle se refuse à s'appesantir sur son sort et se considère comme une combattante. "Nous, les femmes, on forme aussi une résistance. Résister, cela ne veut pas seulement dire porter une arme ou se battre contre l'occupant. Cela veut dire tenir le coup mentalement dans ces conditions", explique-t-elle avant de sursauter, prête à fuir, effrayée par des déflagrations de tirs qui se font entendre au loin. "Voilà, comment on vit", conclut-elle, résignée

Le documentaire Fragments de guerre, réalisé par Solène Chalvon-Fioriti, est diffusé dimanche 9 mars à 21h05 sur France 5 et disponible sur la plateforme france.tv.