À 32 ans, Antoine achète déjà sa troisième Porsche, «sans crypto ni argent de papa»
«Ma mère était cadre dans l’informatique, mon père contrôleur SNCF, je suis l’exemple type de la classe moyenne», introduit Antoine, jeune trentenaire d’une commune de l’Essonne, pour nous raconter comment à 32 ans il vient d’acheter sa troisième Porsche, une Cayman GT 4 à 90.000 euros. «Je n’ai manqué de rien jeune, mais jamais on ne m’a donné d’argent pour acheter mes voitures», appuie-t-il.
«J’entends aussi beaucoup de gens qui achètent de belles voitures grâce à de la cryptomonnaie», ajoute le propriétaire de Porsche. «Mais ce n’est pas mon cas, je n’ai jamais tenté le coup, j’ai toujours préféré mettre mon argent dans l’économie réelle, des projets concrets».
Pour connaître le secret du trentenaire, il faut plutôt remonter à son enfance. «À l’âge de dix ans, j’ai découvert fortuitement le magazine Sport Auto. Des copains me l’avaient filé dans la cour de récré», se souvient-il. Cette lecture couplée à l’influence de son grand-oncle, propriétaire d’une Porsche 356 de 1962, l’ont ensuite conduit à découvrir les subtilités de la marque allemande. «Grâce à mon oncle, j’avais pu me rendre au Salon de l’Auto de Genève, j’avais à peine 16 ans. On avait fait une copie de sa carte grise (la condition pour entrer dans le stand Porsche était de posséder une voiture de la marque ndlr), ce qui m’avait permis de monter dans la 911». «Mais je ne m’étais jamais dit que je pourrais un jour l’acheter», ironise-t-il.
L’orientation réussie
Arrive ce qu'on appelle désormais «l’année de Parcoursup». «Au moment du Bac, je ne savais pas dans quelle voie m’orienter, le week-end, je commençais à travailler dans des évènements automobiles de prestige, ça me plaisait de côtoyer de belles voitures». Intervient alors un autre de ces oncles, architecte de profession : «Tu aimes les sciences et la technique ? Tu devrais te lancer dans la construction. Comme ça tes Porsche, au lieu de les vendre tu pourras les acheter», lui lance-t-il. Antoine suit son conseil et il intègre dans la foulée, l’ESTP à Paris pour étudier la conduite de travaux. À 21 ans, diplôme en poche, il commence à travailler pour un promoteur dans la maîtrise d’œuvre et le pilotage de travaux. «Mon responsable me disait : “on va te former et si tu bosses bien, dans pas longtemps tu l’auras ta Porsche”».
Mais le jeune homme qu’il était à l’époque n’attend pas. Dès l’obtention de son premier salaire, s’offre une voiture de sport. «Une Renault Clio RS de 2001 avec laquelle j’ai commencé à faire de la course en circuit». Un rêve réalisé grâce à un salaire d’environ 2500 euros mensuel, qui lui a permis un achat comptant de 4000 euros. «J’ai pu me le permettre, d’autant plus que je partageais un petit loyer avec ma femme, et n’avais pas encore d’enfants à charge», justifie le passionné.
De l’argent de côté, un projet entrepreneurial et sa première Porsche
Entre-temps, Antoine n’abandonne pas son rêve de gosse. C’était même, en réalité, le moteur déterminant de ses choix. «À l’époque, je m’étais beaucoup d’argent de côté, pour monter ma propre entreprise dans la conduite de travaux». Voilà qu’à 27 ans, en 2019, il se lance dans l’entrepreneuriat. «Comme mon entreprise a très vite fonctionné, j’ai gardé l’argent que j’avais mis de côté sur mon compte en banque». Dix mille euros en cash, le reste en prêt, et il jette son dévolu sur Porsche Cayman S de 2006, qu’il achète la même année pour 30.000 euros chez un garagiste dans le Haut-Rhin.
Si au moment de «l’arrivée de son fils» en 2020, Antoine fait une infidélité à Porsche (il revend sa première voiture pour investir dans une BMW M2), ce ne sera que de courte durée. En l’espace d’un an, il vend la Cayman S pour 26 000 euros à un ami, achète la BMW pour 55.000 euros, mais la revend quelques mois après pour Porsche 911 à 66.000 euros. Certes avec des dettes sur le dos (un prêt de 850 euros par mois sur 5 ans en crédit ballon), qu’il solde vite grâce à une «année exceptionnelle en 2022». «J’ai sorti 40.000 euros de dividende à ce moment-là», dévoile-t-il.
«Vivre sa passion» et «montrer l’exemple»
N’y voyez surtout pas une envie de montrer sa richesse à tout prix. «Pour moi, une Porsche n’est pas qu’un signe extérieur de réussite, comme peut l’être une Rolex pour d’autres», confit le trentenaire. Au fond «je souhaite par mon histoire, transmettre à la nouvelle génération l’idée qu’il est possible de réaliser ses rêves en travaillant dur et en cultivant sa passion». «Dans mon milieu professionnel, beaucoup de gens héritent et deux tiers font n’importe quoi et plantent leur boîte. Moi je voulais montrer un autre visage : investir dans une passion tout en gardant la tête sur les épaules».
En novembre dernier, du haut de ses 32 ans, et ans seulement 5 ans après l’achat de sa première Porsche, Antoine passe un cap. «J’ai acheté une Cayman Gt 4 à 90.000 euros». «Le monde change tellement vite que j’ai besoin d’investir au plus vite dans ma passion, demain peut-être qu’avec le changement climatique il sera plus difficile de faire du sport automobile».
Mais quand on lui demande quelle sera sa prochaine Porsche, Antoine se montre tout de même prudent, «ça reste beaucoup d’argent pour quatre roues et un volant». Son deuxième enfant vient de naître, et il pense d’abord à assurer leur avenir. «J’investis dans la pierre, on a acheté notre appartement avec ma femme, et j’ai des biens en Loi Pinel», illustre-t-il. Même s’il admet qu’il se verrait bien «acheter une petite 911» pour emmener ses enfants en balade, chose impossible avec la Cayman GT. La passion ne le quitte jamais.