REPORTAGE. "Je passe ma vie à courir pour trouver à manger pour mes enfants" : à Gaza, faute d'aide humanitaire, les distributions alimentaires sont devenues indispensables
Depuis deux mois, plus de deux millions de Palestiniens de Gaza survivent sans aide humanitaire. Israël impose un blocus total de l'enclave : as de nourriture, pas d'eau, pas d'essence pour faire tourner les groupes électrogènes indispensables au bon fonctionnement des hôpitaux. Plus rien ne rentre à Gaza et, par conséquent, les prix des denrées sur les marchés explosent.
L'unique moyen de se nourrir pour la majorité des Palestiniens de l'enclave, c'est désormais la soupe populaire. Des distributions d'aide alimentaire qu'on appelle sur place des tikiyas. Aujourd'hui, Oum Mohamed a rempli sa marmite de lentilles : "Je passe ma vie à courir de tikiya en tikiya pour trouver à manger pour mes enfants... Il y a encore quelques rares aliments sur les marchés mais pour nous, c'est inaccessible. C'est pour ça que je viens dans les tikiyas, c'est le seul moyen que j'ai de nourrir les dix personnes que j'ai à ma charge."
"Je viens tous les jours faire la queue ici. Parfois, ça marche et je repars avec un peu de nourriture... Mais d'autres fois? il y a trop de monde et il n'y a plus rien à manger."
Oum Mohamedà franceinfo
"Aidez-nous ! Les pays arabes doivent exiger la fin de ce blocus, nos enfants n'ont rien fait pour mériter ça", conclut Oum Mohamed.
"Cela fait deux ans maintenant qu'on souffre de malnutrition"
Hiba a, elle, quatre petits, deux filles et deux garçons. Elle est très inquiète pour leur santé, et accuse Israël d'utiliser la famine, comme une arme de guerre : "La priorité aujourd'hui, c'est la réouverture des points de passage. Qu'ils laissent au moins entrer la farine et les légumes. Mes enfants sont chétifs, leurs corps sont tous frêles, on est épuisés... Je n'arrive même plus à porter un bidon d'eau. Cela fait deux ans maintenant qu'on souffre de malnutrition."
Selon les Nations-Unies, 3 000 camions chargés d'aide humanitaire attendent aux portes de Gaza. Depuis deux mois, Israël refuse catégoriquement de les laisser entrer.