Guerre au Proche-Orient : avec la démission du chef de la nouvelle Fondation humanitaire, la question de l'aide aux Gazaouis relancée

Retour à la case départ. Le chef de la nouvelle fondation humanitaire créée de toutes pièces et soutenue par les Etats-Unis pour distribuer de l'aide dans la bande de Gaza a démissionné "avec effet immédiat", a-t-il annoncé dimanche 25 mai dans un communiqué. Le directeur exécutif de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), Jake Wood, a expliqué qu'il n'était pas possible selon lui de mettre en œuvre le plan de l'organisation pour aider Gaza "tout en respectant strictement les principes humanitaires d'humanité, de neutralité, d'impartialité et d'indépendance".

"Il y a deux mois, j'ai été approché pour la diriger en raison de mon expérience dans le milieu humanitaire", a déclaré Jake Wood dans son communiqué. "Comme beaucoup d'autres dans le monde, j'ai été horrifié et bouleversé par la crise de la faim à Gaza", a-t-il ajouté, disant s'être senti "obligé" d'apporter son aide. "Je suis fier du travail que j'ai supervisé", a-t-il encore écrit. 

L'organisation, créée il y a quelques mois et dont le siège se situe à Genève, a annoncé le 14 mai vouloir distribuer près de 300 millions de repas pour une période initiale de 90 jours. Elle a été très vite et très violemment critiquée.

Questions sur les statuts de cette fondation

L'ONU et des ONG ont affirmé à plusieurs reprises qu'elles ne participeraient pas à la distribution d'aide par cette fondation, accusée de travailler avec Israël. Son architecture ne correspondait en effet pas au canon habituel de l'aide humanitaire, puisqu'elle était associée à une compagnie privée de sécurité américaine. L'ONU a ainsi estimé qu'elle ne respectait pas les principes "d'impartialité, de neutralité et d'indépendance".

Cette ONG, pilotée par des anciens militaires et hauts fonctionnaires américains, manque aussi de transparence sur le financement. Enregistrée aux Etats-Unis, elle avait aussi une structure à Genève, en Suisse, depuis le mois de février, qui a été déférée vendredi 23 mai devant les instances administratives par l'ONG Trial International, qui la soupçonne de ne pas respecter le cadre légal.

Autre critique majeure : les lieux de distribution qui risquaient de créer de nouveaux déplacements de population. D'après le New York Times, le concept de la Fondation humanitaire de Gaza avait été élaboré en Israël, très tôt après le début de la guerre, avec pour objectif principal de tenir le Hamas à l'écart de l'humanitaire et de contourner l'ONU.

À cette heure, on ne sait pas si le projet est totalement abandonné. L'ONU aurait encore des camions qui rentrent dans Gaza, mais de façon totalement sous-dimensionnée par rapport aux besoins, alors que la famine plane au-dessus de l'enclave. Rompant une trêve de deux mois, Israël a repris son offensive à la mi-mars sur la bande de Gaza, et a intensifié ses opérations militaires le 17 mai, dans le but affiché d'anéantir le mouvement islamiste palestinien Hamas, libérer les derniers otages restants et prendre le contrôle du territoire.