"Cette tragédie devrait acter la fin de la guerre" : l'émotion d'un ancien ambassadeur israélien après la mort de neuf enfants d'une même famille à Gaza
La mère de famille était en pleine garde à l'hôpital Nasser de Khan Younès quand elle a appris l'horreur. La docteur Alaa al-Najjar, qui vit dans le sud de la bande de Gaza, a été informée, dimanche 25 mai que sa maison venait d'être visée par une frappe israélienne. Elle s'y rend aussitôt pour découvrir les corps carbonisés de ses enfants extraits des décombres.
La frappe aérienne, selon les proches des victimes, a été menée sans avertissement vendredi 23 mai dans l'après-midi, contre la maison familiale où se trouvaient les dix enfants et leur père, Hamdi al-Najjar, également médecin. Gravement blessé, il est hospitalisé avec son fils Adam, 10 ans - seul survivant parmi les enfants -, en soins intensifs à l'hôpital Nasser.
"Même dans les moments les plus durs de la guerre, c'était impensable"
"Jamais nous n'aurions imaginé qu'il puisse être ciblés. Jamais !, se désole Nadia Al-Najjar, la sœur du père de famille. Mon frère est médecin, sa femme aussi. Ils donnent leur temps pour les autres. Même dans les moments les plus durs de la guerre, c'était impensable. Tout simplement parce qu'ils sont docteurs", souffle-t-elle par téléphone.
Si la télévision israélienne n'en parle pas, l'essentiel des journaux papier non plus, les chaînes palestiniennes, elles, diffusent les images terrifiantes de ces corps d'enfants carbonisés, certains démembrés, extirpés un à un des décombres. Des images qui parviennent pourtant aux Israéliens via les réseaux sociaux et qui les bouleversent. A l'image de Yehuda Lancry, l'ancien ambassadeur d’Israël en France, puis à l'Onu durant les années 1990.
"Une tragédie indicible"
Celui qui également membre du Likoud, le même parti que Benyamin Nétanyahou, condamne fermement ce bombardement de l'armée de son pays. "La mort de ses neuf enfants, c'est une tragédie indicible. Cet événement me retourne affectivement. Cette tragédie devrait acter la fin de la guerre. Il faut qu'Israël en tire les conséquences", plaide-t-il au micro de franceinfo. Et l'ancien diplomate de plaider pour un cessez-le-feu définitif pour mettre fin à la dérive d'un gouvernement "pris en otage par une minorité d'extrême droite messianique très influente".
De son côté, l'armée israélienne a indiqué à l'AFP qu'un de ses aéronefs avait "frappé plusieurs individus soupçonnés d'opérer depuis une structure" se trouvant à proximité de ses soldats dans cette zone. "L'affirmation concernant les dommages causés à des civils non impliqués est en cours d'examen", a-t-elle ajouté. Selon des sources médicales citées par l'AFP, Hamdi al-Najjar a subi de multiples opérations à l'hôpital de campagne jordanien, où les médecins ont dû lui retirer une grande partie du poumon droit. Dix-sept poches de sang lui ont été administrées. Son fils Adam a été amputé d'une main et souffre de brûlures sur tout le corps.