Il a aujourd'hui 28 ans, il est Français, mais il rêve sa vie en anglais. À 16 ans, il s'est envolé pour un lycée de l'Oklahoma, caméra GoPro en mains, clichés plein la tête. Dix ans plus tard, il y retourne. Sauf que l'Amérique a profondément changé. Donald Trump est réélu, les pelouses sont couvertes de pancartes rouges. Ses amis d'hier ont presque tous basculé d'un côté qu'il ne comprend pas. De ce décalage, Max Laulom fait aujourd'hui une série documentaire, "High School Radical" (disponible sur Arte.tv), entre vlog et enquête politique. Avant ça, il est allé en Ukraine filmer les nuits d'une jeunesse qui danse sous les bombes. Il a monté son propre studio. Il dit qu'une caméra qui tremble dit parfois mieux la vérité qu'un plateau télé parfait. Dans ce nouvel épisode de "Pour info" avec Paul Larrouturou, on parle d'amitié, de trumpisme, de guerre et d'amour avec Max Laulom.
A dix ans d'écart, Max Laulom filme dans "High School Radical" le désenchantement de la jeunesse américaine vis-à-vis de l'avenir qui lui était promis en 2015. "On se disait : ça va être génial !", se souvient Max. Ses amis du lycée sont désormais adultes et pour beaucoup, ils subissent le déclassement économique et social, loin des "élites" fantasmées. "On n'a plus rien à perdre, on bosse 90 heures par semaine on arrive à peine à payer nos factures, plus personne ne nous respecte... On a déjà tout perdu."
Max Laulom mesure à quel point il est important de croire, dans ce pays où la religion et rythme la vie quotidienne des Américains. "C'est une grande différence entre la France et les Etats-Unis, c'est vraiment un pays de croyance. Et Trump arrive à faire en sorte que les gens croient en lui, comme les gens ont cru en Obama auparavant."
"On se disait que ça serait toujours mieux après. Et là, on commence à en douter"
Malgré leurs différences initiales, ses amis sont dans leur immense majorité devenus des supporters de Donald Trump. Dans un pays qui, selon lui, compte désormais beaucoup de citoyens "complètement anesthésiés", Max Laulom assiste ainsi à la réélection de Donald Trump. Pour ses amis, la politique est un "pur enjeu de divertissement". "Ils ne se rendent pas compte. Ils ne politisent pas les conséquences de leur propre vote." Max Laulom filme leurs contradictions, le cafouillage idéologique ambiant. "C'est aussi pour ça que je vais faire cette série, on a trop en tête que les trumpistes sont des tarés. Alors que finalement, ceux qui ont amené Donald Trump au pouvoir, et les gens qui amènent le fascisme au pouvoir, ce sont toujours des électeurs ordinaires. Et on les voit très peu, ces personnes-là."
Dans cet épisode de "Pour info", Max Laulom revient également sur son documentaire "Kyiv est une fête", la "grande enquête générationnelle" qu'il a voulu mener en se rendant à Kiev, alors que l'Ukraine entrait dans sa deuxième année de guerre face à la Russie. "J'ai voulu comprendre, à travers la question de la fête, comment vivaient des jeunes de mon âge dans un pays en guerre." Pour les jeunes Ukrainiens qu'il rencontre, la fête est "un refuge, une manière de se réapproprier une réalité qui leur a été volée".
Dans "Kyiv est une fête" comme dans "High School Radical", Max Laulom cherche à comprendre sa génération, "le coup de massue, la gueule de bois qui arrive dans nos vies" quand le présent n'est pas celui qu'on avait imaginé. "On sort de 70 ans de toujours mieux : on se disait que ça serait toujours mieux après. Et là, on commence à en douter. C'est ça que j'ai envie d'explorer".