TEMOIGNAGES. "Tous les gens à Gaza ont espoir que Trump augmente la pression" : dans l'enclave, les habitants s'accrochent à l'espoir d'une trêve face à la pénurie et aux bombardements

L'espoir et l'angoisse à Gaza. L'armée israélienne a annoncé dimanche 18 mai de "vastes opérations terrestres le nord et le sud de la bande de Gaza", où au moins 50 Palestiniens, dont des enfants, ont été tués dans de nouveaux bombardements, selon les secours. L'armée avait intensifié dès samedi son offensive à Gaza visant, selon elle, à libérer les otages israéliens retenus par le Hamas et à défaire le mouvement islamiste palestinien, une escalade critiquée à l'international.

Au même moment, le Premier ministre israélien a indiqué qu'il allait autoriser l'entrée d'une "quantité de base de nourriture destinée à la population, afin d'éviter le développement de la famine dans la bande de Gaza". Israël "agira pour empêcher le Hamas de s'emparer de cette aide humanitaire", a-t-il ajouté. Depuis le 2 mars, l'armée israélienne bloque l'entrée de l'aide humanitaire, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza.  

"Les gens ne savent pas, ils attendent"

Cet état de confusion freine les espoirs de paix de la population sur place, qui est pour le moins partagée quant à son avenir proche. Nourredine, par exemple, qui appartient a la classe moyenne superieure, n'a plus de farine, mais il a encore de quoi se payer des boites de haricots blancs achetées sur le marché. Il dit que, comme les autres, cette guerre sans fin l'a fixé dans un état presque letargique uniquement tournée vers la survie. "Aujourd'hui, quand je parle avec des voisins, avec des amis, les gens sont déprimés. Vous savez, on est dans le désespoir. Je vais parler pour moi : j'attends, je ne sais pas. Donc, ce que je vois, le sentiment, disons, général, c'est que les gens sont juste indifférents, ils ne savent pas, ils attendent juste...", confie-t-il par téléphone.

Une trêve est le seul espoir auquel se raccrocher. Samira rêve, elle, d'une pause dans les combats. Mais elle ne sait pas vraiment si elle doit y croire. Cela fait quatre jours qu'elle n'est pas sortie de son appartement par peur des drones et des tirs. Elle rationne le pain. "Tout le monde ici attend les résultats de ces négociations. Mais je ne pense pas que les Israéliens veulent accepter d'arrêter la guerre. Mais peut-être...", glisse-t-elle.

"L'essentiel pour nous, ici à Gaza, c'est d'avoir une trêve, même pour quelques semaines. Au moins, on respire un peu, on mange, on boit un peu. Après cela, on va voir..."

Samira, une habitante de Gaza

à franceinfo

L'espoir Donald Trump

Les espoirs sont alimentés par deux éléments principaux. D'abord, l'inflexible nouveau chef du Hamas à Gaza aurait été tué d'après le ministre de la Défense israélien. Ensuite, Donald Trump met visiblement la pression sur Benjamin Nétanyahou après un voyage dans le Golfe : les relations entre les deux hommes ne semblent en effet plus aussi bonnes qu'il y a encore quelques semaines.

De quoi faire dire à certains Gazaouis que Donald Trump est donc devenu le dernier espoir. "Cette fois, j'ai vraiment l'espoir que ces négociations aboutissent. Tous les gens à Gaza ont espoir que Trump augmente la pression sur les deux partis pour stopper la guerre définitivement", explique Malak, une journaliste palestinienne dans l'enclave.

La trêve du début d'année à Gaza avait apporté une forme de normalité pour les habitants. Mais elle a été effacée par le blocus total imposé par les Israéliens depuis maintenant plus de deux mois.