Budget 2025 : "Le discours de rigueur générale dans l'hôpital public est quelque chose d'extrêmement inquiétant", estime un membre du collectif inter-hôpitaux
"Le discours de rigueur générale appliqué à l'hôpital public, est quelque chose d'extrêmement inquiétant", estime samedi 9 août sur franceinfo le neurologue François Sallachas, membre du collectif inter-hôpitaux. Quatre syndicats de l'Assistance Publique Hôpitaux de Paris (AP-HP) appellent à mettre en place des assemblées générale dès le 25 août pour préparer une grève unie contre le plan d'économies annoncé par le Premier ministre François Bayrou. Ce plan est dénoncé, côté syndical, comme une attaque contre le système de santé et contre les travailleurs. Il espère que les soignants seront mobilisés dès le 25 août, mais "aussi les usagers" car "on a tous besoin de l'hôpital public".
"Quand on sous-finance un système, il se délite. Ça fait une dizaine d'années que, chaque année, il manque de l'argent et là, c'est un coup de rabot de plus", explique le neurologue. Ce professionnel de santé dénonce notamment le mode de financement des hôpitaux et le système de tarification à l'activité. "Un hôpital est désormais considéré par les gouvernants comme une entreprise. On demande à l'hôpital d'équilibrer ses comptes, d'être rentable, alors même que la façon dont on le finance ne le permet pas. Le déficit est programmé quoi qu'il arrive. Est-ce que l'hôpital public doit être dirigé comme une entreprise ?"
"On se trompe de combat"
Le membre du collectif inter-hôpitaux s'insurge également contre les discours "culpabilisants" envers les Français et les patients. Selon lui, lorsqu'on explique que "si le système fonctionne mal, c'est parce qu'on en abuserait", avec des patients "trop nombreux à venir aux urgences" et qu'on cherche à "faire porter sur la population la responsabilité du dysfonctionnement d'un système de santé", on se trompe de combat."
"L'essentiel de la saturation des urgences, c'est la stagnation des patients dans les urgences, car ils ne peuvent pas être accueillis dans les services parce qu'il n'y a plus assez de lits ouverts ou de personnel disponible, parce qu'il y a une crise de recrutement majeure", explique-t-il. Idem pour la question des arrêts maladie, dans le viseur du gouvernement. "On entend parler de chiffres très fantaisistes, comme 50 % des arrêts de travail qui seraient injustifiés, un chiffre lancé par madame Vautrin". La ministre de la Santé a, en effet, affirmé que la moitié des arrêts maladies de plus de 18 mois "n'étaient plus justifiés". Mais "les contrôles faits n'ont pas montré qu'ils étaient injustifiés, mais mal libellés", nuance le médecin.