Les manœuvres du Rassemblement national (RN) pour détourner de l’argent public se précisent au fil des enquêtes et des procès. De l’échelle européenne à l’échelle locale, les membres du parti d’extrême droite tentent de grappiller le moindre euro possible… quitte à sombrer dans des justifications absurdes. C’est ce que révèle le média indépendant les Jours, qui a obtenu des documents de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).
Ces derniers pointent comment neuf candidats RN en Nouvelle-Aquitaine ont vu leurs frais de transport, dans le cadre des dernières législatives, être invalidés. En cause : une facture, au total, de 73 416 euros de frais de déplacement. « D’après les calculs de la CNCCFP, à eux neuf, ils ont affirmé avoir parcouru l’équivalent de trois fois le tour de la Terre, résument les Jours. Le tout en trois semaines d’une campagne éclair et imprévue, démarrée dans la foulée de la dissolution d’Emmanuel Macron annoncée le 9 juin 2024. »
« 25 890 kilomètres effectués sur vingt-sept jours »
Les candidats d’extrême droite affirment ainsi avoir parcouru entre 6 500 et 25 000 kilomètres sur ce court laps de temps. Or, la CNCCFP a remarqué des absences de « justificatifs » pour les dépenses de carburant, ce « nombre anormal de kilomètres » soi-disant parcourus, ainsi qu’un « circuit standardisé et répétitif ».
Hager Jacquemin a par exemple déclaré pour 15 190 euros de frais de déplacement, l’équivalent de « 25 890 kilomètres effectués sur vingt-sept jours », rapporte la CNCCFP. « Seule la députée Anne Genetet (Ensemble pour la République, EPR) a déclaré plus que la candidate de la Vienne, ajoute les Jours. Il faut dire que sa circonscription des Français de l’étranger embrasse 49 pays. » Pascal Markowsky, seul élu – en Charente-Maritime – parmi les neuf têtes du RN, a quant à lui tenté de se faire rembourser 11 971 euros, soit l’équivalent de 25 152 kilomètres parcourus dans sa circonscription (4e de Charente-Maritime).
Avant contrôle, les 46 candidats du Rassemblement national pour la Nouvelle-Aquitaine ont déclaré environ 179 000 euros de frais de déplacement. Soit deux fois plus que ceux du Nouveau Front populaire (NFP), près de trois fois plus que ceux d’EPR et six fois plus que ceux des Républicains (LR). Pour les neuf pointés par les Jours, la CNCCFP n’a pas remboursé près de 21 000 euros. Sur ce même territoire, la Commission a refusé le remboursement de quelques centaines d’euros seulement à l’ensemble de leurs trois concurrents.
Clémence Navey-Dumas, défaite dans la 7e circonscription de Gironde et propulsée collaboratrice parlementaire d’Edwige Diaz, s’est vue refuser environ 4 500 euros. La candidate a tenté de se faire rembourser 13 490 kilomètres, « effectués par trois personnes durant treize jours ». La CNCCFP s’est questionnée sur le fait que « deux des trois conducteurs déclarent avoir parcouru le même nombre de kilomètres ». De plus, Clémence Navey-Dumas n’a pas fourni les factures de carburant. Difficile d’obtenir gain de cause dans ces conditions.
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