JO - Judo : entre cris et pleurs, la détresse totale de la championne olympique Uta Abe
Arena Champ-de-Mars
Les Jeux olympiques peuvent amener un athlète au firmament de son sport, dans son état de félicité quasi absolu. Mais ils peuvent aussi le plonger dans la plus grande des détresses, quand le résultat ne s'avère pas à la hauteur de ses attentes. Championne olympique il y a trois ans chez elle, à Tokyo, Uta Abe a vécu ce saisissant ascenseur émotionnel ce dimanche à l'Arena Champ-de-Mars. Après un premier tour parfaitement maîtrisé et remporté sur ippon après une minute de combat – ce qui portait sa série de victoires consécutives à 27 toutes compétitions confondues –, la Japonaise faisait face à l'Ouzbek Diyora Keldiyorova, ni plus ni moins que la numéro 1 mondiale de la catégorie des moins de 52kg.
Un véritable choc, dû au statut de non-tête de série la judokate nippone, aussi forte que rare sur les tatamis, comme beaucoup d'autres de ses compatriotes. Dominatrice, Uta Abe paraissait alors se diriger vers un succès à sa main avec un waza-ari d'avance, et deux pénalités à l'encontre de l'Ouzbek. Mais le judo ne pardonne ni l'excès de confiance, ni le moment de déconcentration. Il aura donc suffi d'un instant pour que le destin des deux protagonistes de cette tragédie en un acte bascule. Sur un mouvement, une attaque, Keldiyorova renversait la Japonaise qui s'effondrait sur le dos. Ippon. Et élimination.
Un moment fort que le public français accompagnait avec empathie et tendresse
Uta Abe se relevait péniblement, saluait son adversaire dans le respect de la tradition, quittait le tatami et… s'effondrait au sol, prise d'une véritable crise de larmes. Dans les bras de son entraîneur, la Japonaise restait de très longs instants comme ça, prostrée, recroquevillée sur elle-même, prise de spasmes, hurlant sa peine et incapable d'endiguer ce torrent de larmes, symbole de sa déception, de sa frustration, de sa colère même envers elle-même. Un moment fort, que le public français accompagnait avec empathie et tendresse en l’applaudissant. D'ailleurs, le tournoi en profitait pour faire une petite pause. Une immense championne venait de tomber au champ d'honneur des ambitieuses. A 24 ans, nul doute qu'elle reviendra plus forte, car il faut aussi parfois tomber pour grandir.