"Face à l’histoire : les Résistantes" sur France TV : Philippe Collin rend hommage à ces femmes au rôle crucial pendant la Seconde Guerre mondiale

"Les femmes s'engagent avant les hommes", souligne, jeudi 17 avril, Philippe Collin le producteur de radio, qui met en lumière pour France Télévisions ces femmes longtemps oubliées de l'Histoire alors qu'elles ont joué un rôle essentiel pour la libération de la France pendant la Seconde Guerre mondiale. "Il y a à peu près 15% des résistants français qui étaient des femmes. C'est quand même plusieurs milliers de personnes", précise-t-il. Malgré cela, "quand les organigrammes se mettent en place dans la résistance, les femmes disparaissent très vite, les hommes reprennent le pouvoir très vite".

Au départ, c'est un podcast pour France Inter que Philippe Collin a adapté en livre aux éditions Albin Michel et qui est désormais en série documentaire, disponible jusqu'en septembre 2025 sur la plateforme France.tvCelui-ci illustre ce rôle primordial des femmes au travers du destin de cinq résistantes : Lucie Aubrac, Geneviève de Gaulle, Mila Racine, Simonne Mathieu et Renée Davelly, toutes très différentes. "C'était le choix, explique Philippe Collin. Je voulais qu'on prenne cinq personnes très différentes, à la fois sociales, mais aussi géographiques. Il y a des étrangères, il y a des Françaises, il y a des catholiques, des juifs, des athées, il y a des socialistes, il y a des conservatrices. Je voulais montrer ce panel de grandes différences. Mais elles se retrouvent toutes au nom d'un combat pour des valeurs partagées : la République française, liberté, égalité, fraternité. On peut être très différents, mais se réunir pour un combat commun, qui est encore notre héritage aujourd'hui".

Un rôle primordial effacé de l'histoire

L'image de la femme à vélo qui transmet des colis, des missives, sont "des grands clichés". "On a souvent tendance à séparer le civil du militaire, dit-il. Le militaire, c'est l'homme en arme dans le maquis, la mitraillette à la main, etc. Et on dit qu'il y a le civil, les femmes, qui ont fait les messagères, etc. C'est beaucoup plus complexe que ça parce que les femmes ont joué un rôle crucial dans l'organisation des maquis. Elles ont soigné, alimenté, informé. Les maquis sans les femmes ne peuvent pas exister". 

Alors, pourquoi se sont elles presque fait effacer de l'histoire ? "D'abord, il y a ce qu'on appelle le retour de bâton : les hommes ont vécu une sorte de période très compliquée pour leur virilité pendant quatre ans sous la domination nazie. Donc, à la Libération, on reprend le pouvoir, on ramène les femmes à la maison. Un truc assez classique", explique Philippe Collin. Sans le civil, pas de militaire, donc pas de résistance. C'est aussi simple que ça. Sans les femmes, il n'y a pas de maquis. Elles sont vraiment fondamentales. On ne le sait pas assez".

"La deuxième chose encore plus intéressante, c'est que les femmes ont moins demandé de récompenses que les hommes."

Philippe Collin

sur franceinfo

"Les femmes ont moins demandé de médailles que les hommes. Quand on voit les statistiques, il y a beaucoup de femmes qui auraient pu avoir la carte de grand résistant ou les médailles et qui n'ont pas fait la demande", conclut-il.