Ligue des champions : revenir à Paris réveille le traumatisme des fans de Liverpool, trois ans après le chaos de la finale au Stade de France
Le retour de Liverpool à Paris, pour la première fois depuis la finale de la Ligue des champions 2022 au Stade de France (à Saint-Denis), réveille de mauvais souvenirs à de nombreux supporters anglais. Une mauvaise gestion de l'afflux des spectateurs avait engendré une situation chaotique avant et même après la finale perdue par Liverpool face au Real Madrid. Cette fois, le leader de la Premier League affronte le Paris Saint-Germain au Parc des Princes, mercredi 5 mars, à l'occasion des huitièmes de finale aller de la prestigieuse compétition.
Seuls 2 000 supporters de Liverpool sont attendus au Parc des Princes, beaucoup ayant décidé de ne pas revenir dans la capitale française après l'accueil qui leur avait été réservé il y a trois ans.
Revenir à Paris est "trop tôt pour beaucoup de gens", explique à l'AFP John Gibbons, du média indépendant The Anfield Wrap. "Ce n'est pas tant ce qui s'est passé le jour même, il s'est passé beaucoup de choses après aussi. Surtout, le gouvernement [français] n'a pas assumé la responsabilité." Ce jour-là, les supporters avaient eu beaucoup de mal à accéder à l'enceinte après avoir été notamment canalisés dans des goulots d'étranglement surchargés. La finale avait dû être retardée de 37 minutes.
Un traumatisme qui rappelle le drame d'Hillsborough
Dans un premier temps, l'UEFA avait fustigé le comportement des supporters, avant que les autorités françaises évoquent une "fraude à l'échelle industrielle" de faux billets. En 2023, une enquête du Sénat avait finalement conclu qu'un dispositif de sécurité mal conçu était à l'origine d'un "fiasco inévitable" dans de telles conditions. Un rapport indépendant avait affirmé que l'UEFA portait la "responsabilité principale" des défaillances ayant failli transformer le match en "catastrophe mortelle".
"Il y a un ressort psychologique qui fait que l'on ne veut pas retourner dans un endroit où l'on a vécu une mauvaise expérience, mais aussi le fait que les gens pensent qu'il n'y a rien pour empêcher que cela ne se reproduise", affirme John Gibbons.
"Si je devais aller à Paris, je serais inquiet, a assuré Josh, au micro de RMC Sport, fan des Reds qui a préféré renoncer au déplacement. J’aime Paris, c’est une superbe ville, les gens sont gentils, mais je serais très sceptique à l'idée d’y retourner après ce qu’il s’est passé." Pour Jay, autre supporter du club de la Mersey, "ici, il y a un peu d‘appréhension à cause de ce qu’il s’est passé. Les autorités auraient pu mieux faire, et éviter ces incidents. Il faut reconnaître les erreurs et retenir les leçons."
Un dispositif de sécurité "classique pour un match de Ligue des champions"
"Heureusement, les Jeux olympiques se sont déroulés en grande partie sans incident, et c'est très bien. Mais je pense qu'il est clair que les gens ont été traités différemment pour cela, parce que c'était le plus grand événement du monde", estime Daniel Austin, fan de Liverpool, auprès de l'AFP.
Mardi, en vue du match PSG-Liverpool, la préfecture de police de Paris a évoqué un dispositif de sécurité "classique pour un match de Ligue des champions". Pour autant, certains supporters "ne veulent pas être à nouveau confrontés aux mêmes autorités. Ils ne font pas confiance aux personnes responsables, dont beaucoup occupent toujours les mêmes fonctions", assure Daniel Austin, qui a décidé, pour sa part, de venir supporter son équipe à Paris.
"Ce n'est pas seulement le fait qu'ils aient vécu quelque chose de très difficile physiquement et mentalement, c'est aussi le fait qu'on leur ait menti pendant des semaines et des mois", dénonce-t-il. Alors ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, aujourd'hui à la Justice, avait accusé les fans des Reds d'être à l'origine de l'abondance de faux billets.