Ligue des champions : ce PSG est-il le plus fort collectivement depuis l'arrivée du Qatar ?
Il écarte tout le monde de son passage depuis le mois de décembre. Au moment de croiser le fer avec Liverpool, mercredi 5 mars (à 21 heures), en huitièmes de finale aller de Ligue des champions, le Paris Saint-Germain arrive lancé. Invaincue sur ses 22 derniers matchs toutes compétitions confondues, l'équipe de Luis Enrique s'est offert une résurrection sur la scène européenne, remportant ses cinq derniers rendez-vous tout en marquant plus de quatre buts en moyenne. Sur la scène nationale, sa domination est tyrannique, avec 13 points d'avance sur son dauphin et aucune défaite en 24 journées.
"Avant, il y avait Messi, Neymar et Mbappé et ça n'a jamais aussi bien fonctionné que maintenant, [sans eux]", observait pour franceinfo: sport Guillaume Allanou, le coach du Stade briochin avant d'assister, impuissant, à la correction subie en quarts de finale de Coupe de France face aux Parisiens (0-7). Un autre observateur, plus proche du club de la capitale puisqu'il en a été le joueur et lui-même l'entraîneur (1994-1996, 2000-2003), est sous le charme de cette version du PSG, et surtout de ce qu'elle propose dans le jeu.
Une moins grande dépendance aux individualités
"Le PSG a gagné au loto. C'est le groupe idéal pour aller chercher un titre, estime Luis Fernandez, aujourd'hui consultant pour beIN Sports. Tout le monde participe, joue, fait les efforts et accepte les décisions de l'entraîneur. Il n'y a pas de star parce que la star, c'est l'effectif". L'homme aux 517 matchs avec les Rouge et Bleu (dont 244 en tant que coach) apprécie particulièrement le roulement mis en place par Luis Enrique pour concerner tout son effectif, mais aussi la capacité des milieux de terrain à dépasser leurs fonctions.
Le message était clair à l'arrivée de l'entraîneur asturien à l'été 2023. Paris voulait repartir de zéro avec un nouveau projet de jeu collectif à la fois identifié et prioritaire face aux individualités. "Notre idée de jeu est celle d'une équipe qui domine, qui prive l'adversaire du ballon. Nous voulons nous accaparer le ballon, le récupérer rapidement et le conserver", avait prévenu Luis Enrique lors de son premier grand oral. Force est de constater sa réussite sur le plan tactique (aidée en partie par les départs des stars, dont Kylian Mbappé l'été dernier).
En Ligue des champions, là où le PSG est vraiment passé au révélateur, le club de la capitale fait partie des meilleures équipes cette saison, en dépit de ses mauvais résultats dans la première partie de la phase de ligue. Il est deuxième en termes de tirs tentés par matchs (18,4, derrière le Bayern) et affiche une possession supérieure à 60% pour la deuxième édition consécutive (ce n'était jamais arrivé à Paris sous les coachs précédents), le tout avec un calendrier plutôt corsé, ponctué par des chocs avec Arsenal (0-2), le Bayern (0-1) ou encore Manchester City (4-2).
"Ce PSG est une équipe exceptionnelle, et on n’a pas réussi à se sortir du piège. Je n’ai pas de problème à accepter quand l’adversaire est meilleur", a confessé Pep Guardiola après la défaite de ses Cityzens au Parc des Princes le 22 janvier. Venu de la bouche d'un tel coach, vainqueur de la C1 deux ans plus tôt, le compliment n'est pas anodin. Un mois plus tard, c'était au tour d'Eric Roy de tresser les louanges du club de la capitale après la correction reçue par Brest (7-0) : "J'avais été impressionné par le Barça, mais je le suis encore plus par le Paris Saint-Germain. Il aura toutes ses chances quel que soit l'adversaire".
Un PSG aussi dangereux qu'en 2020 et plus solide que les saisons précédentes
De là à dire que ce PSG est le meilleur de l'ère QSI (depuis 2011) ? "C'est dur de le dire de façon formelle, mais c'est très clairement celui qui fonctionne le plus en équipe, qui attaque et défend le plus ensemble", analyse Philippe Goguet, co-auteur de "Rouge & Bleu, 50 ans d'histoire" (Marabout) et fondateur du site Culture PSG. Ce dernier, ne veut pas trancher avec d'autres versions abouties du PSG, comme celles de 2015-2016 ou encore 2019-2020.
"Il ne faut pas être trop dans la culture de l'instant, nuance Philippe Goguet. Il existe des versions du PSG où il y avait un meilleur avant-centre et un gardien plus calibré pour la Ligue des champions. Ce sont deux postes clés pour la C1. Le PSG de 2019-2020, qui va en finale, est probablement moins abouti collectivement mais il a trois individualités : Neymar, Kylian Mbappé et Keylor Navas dans les buts, qui seraient titulaires à coup sûr dans l'équipe [actuelle], même si cela en bouleverserait l'équilibre".
Si l'on se penche sur les statistiques avancées, dont les Expected Goals (une statistique qui calcule le nombre de buts qu'une équipe aurait dû marquer ou encaisser en fonction de la dangerosité des tirs tentés ou subis), le Paris Saint-Germain n'a jamais aussi bien défendu (0,9 xG subi), et n'est pas loin au niveau offensif du cru 2019-2020 qui l'avait vu atteindre la finale (2,2 xG cette saison contre 2,39). Le club de la capitale présente son meilleur différentiel d'Expected Goals en C1 (+1,3) depuis que cette stat est disponible sur le site fbref (2017-2018).
Contrairement aux autres points de comparaison, la saison en cours ne prend pas encore en compte la phase à élimination directe, qui débute pour le PSG. Seule la suite de son parcours permettra d'établir le véritable niveau de cette version du club parisien. Si les protégés de Luis Enrique restent invaincus au terme de cette saison de Ligue 1 et s'ils enchaînent ne serait-ce qu'un deuxième carré consécutif en C1, ils pourront prétendre à une place de choix dans l'histoire récente du club.