L’étudiante de Sciences-Po Paris qui s’est vu empêcher l’accès à une conférence pro-Palestine mardi 12 mars a témoigné ce mercredi dans les colonnes du Parisien . Se présentant sous le nom de Rachel, un pseudo qu'elle a souhaité utilisé pour l'entretien, la jeune femme de 20 ans raconte ce qu'il s'est passé lors de cette journée de blocage du campus parisien par des étudiants militants pour la cause palestinienne.
Cet incident a depuis eu un écho considérable et est même devenu une affaire d’État avec l’annonce, ce mercredi soir, de la saisie du procureur de la République par le gouvernement pour «contribuer à l'enquête et contribuer à la mobilisation des services pour déterminer ce qui s'est passé».
«Toi, tu rentres pas !»
Rachel raconte que ce mardi 12 mars, elle voulait assister à cette conférence sur la Palestine. «Dès que je suis arrivée devant la porte, des organisateurs, masqués, m'ont bloquée. Ils m'ont dit : “Toi, tu rentres pas !” Je leur ai demandé de m'expliquer. Ils m'ont juste rétorqué : “On te connaît”», déclare-t-elle précisant n’avoir pas «entendu» elle-même la phrase : «La laissez pas rentrer, c'est une sioniste ! ». Toutefois, elle précise qu’«au micro, les organisateurs ont dit : “Attention, il y a l'UEJF (Union des Étudiants Juifs de France) dans la salle“». «Ils se targuent de dire qu'ils ne sont pas antisémites parce qu'ils ne crient pas “Mort aux juifs”. Or, me qualifier de sioniste, me refuser l'entrée d'une telle réunion, c'est de l'antisémitisme», assène-t-elle auprès du Parisien.
Interrogée sur une possible récurrence d’actes antisémites à Sciences-Po Paris, Rachel répond : «Cela couvait, mais depuis le 7 octobre , c'est un vrai problème. Au quotidien, on entend des blagues, même sur la Shoah. J'ai entendu : “Ah, elle va se prendre une roquette”, ou bien “Toi, tu auras un billet gratuit vers la Pologne”». La jeune femme reste nuancée en affirmant que ceci est souvent le fait d’une «minorité très bruyante» qui fait face à une «majorité qui reste silencieuse».