« Les conditions n’étaient plus remplies » : Sébastien Lecornu s’explique sur sa démission surprise

« En ce lundi matin, les conditions n’étaient plus remplies pour que je puisse exercer les fonctions de premier ministre », a déclaré Sébastien Lecornu depuis le perron de Matignon, ce 6 octobre. Quelques minutes après sa démission surprise qui fait suite à une crise ouverte avec Les Républicains, il a avancé 3 « raisons » pour s’en expliquer :

  • « Les formations politiques ont fait mine de ne pas voir la rupture profonde » constituée selon lui par le renoncement à l’usage du 49.3 alors que nombre d’autres outils constitutionnels lui auraient permis de contourner le parlement (comme l’article 40 ou le vote bloqué).
  • « Les partis politiques continuent de faire comme s’ils avaient tous une majorité absolue à l’Assemblée nationale (…). Je me suis retrouvé dans une situation dans laquelle j’étais prêt à des compromis mais chaque parti politique veut que l’autre parti politique adopte l’intégralité de son programme », a reproché Sébastien Lecornu estimant, dans ces conditions, impossible « les compromis ne sont pas la compromission ».
  • « La composition du gouvernement au sein du socle commun n’a pas été fluide et a donné lieu au réveil de quelques appétits partisans parfois non sans lien, (…) avec la future élection présidentielle », a-t-il ajouté sans nommé LR qui a menacé dès hier soir de claquer la porte.

Alors qu’en préambule il avait tressé les louanges de sa « méthode » pourtant contestée par l’opposition politique comme par le mouvement social, Sébastien Lecornu s’est fait donneur de leçon en conclusion.

« Il faut toujours préférer son pays à son parti »

« Il faut toujours préférer son pays à son parti. Il faut savoir écouter ses militants, mais toujours penser aux Françaises et aux Français », a-t-il lancé appelant à être « plus désintéressés pour beaucoup », et à l’« effacement de certains egos ».

Estimant qu’il « suffirait de peu pour que l’on puisse y arriver », le Premier ministre démissionnaire juge que « certaines choses peuvent être faites avant 2027 » à condition d’avoir « toujours le sens de l’intérêt général et du fond »Un message aux « alliés » de LR, à n’en pas douter.

Il s’est aussi adressé en creux au PS, estimant que les consultations qu’il avait entreprises en vue du budget avaient « permis d’avancer » : « Dans le secret du bureau, les langues se délient et les lignes rouges deviennent orange, parfois verte. (…) Avec toujours ce sentiment que ces lignes reculaient au fur et à mesure que nous avancions », a-t-il déclaré.

Nouveau Premier ministre du « socle commun » ou de gauche, dissolution voire démission d’Emmanuel Macron… les hypothèses pour la suite vont bon train, sans que l’exécutif ne se soit pour l’heure exprimé à ce sujet.

Avant de partir, une dernière chose…

Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :

  • nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
  • nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.

L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.
Je veux en savoir plus