Sébastien Lecornu a remis sa démission, acceptée par Emmanuel Macron annonce l’Elysée

Un constat d’échec dont ressort un sentiment de mascarade. À peine un jour après que la composition de son gouvernement soit officialisée, le premier ministre Sébastien Lecornu a remis sa démission à Emmanuel Macron, lundi 6 octobre. Le président de la République l’a acceptée, confirme la présidence. Le chef du gouvernement aurait passé environ une heure à l’Élysée, ce lundi au matin, selon les informations BFMTV. L’éphémère locataire de Matignon était censé prononcer sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale mardi.

La cheffe de file des députés de la France insoumise (LFI), Mathilde Panot, a fustigé « trois premiers ministres défaits en moins d’un an », en réaction à la démission de Sébastien Lecornu. « Le compte à rebours est lancé, a-t-elle ajouté sur X. Macron doit partir. » Le porte-parole du Parti socialiste (PS), Arthur Delaporte, a quant à lui jugé que « cet éphémère gouvernement n’illustre qu’une chose : le macronisme plonge le pays une fois de plus dans le chaos ». Interrogé par BFMTV juste après l’annonce de la démission de Sébastien Lecornu, le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, a estimé que « le premier ministre éphémère n’avait pas de marge de manœuvre ».

Une crise qui aura eu raison du gouvernement

La liste des premiers ministres choisis dimanche par Sébastien Lecornu ressemblait à s’y méprendre au gouvernement de son prédécesseur, François Bayrou. Gérald Darmanin à la Justice, Bruno Retailleau à l’Intérieur, Catherine Vautrin à la Santé et au Travail, Manuel Valls aux Outre-mer, Rachida Dati à la Culture, Annie Genevard à l’Agriculture, Élisabeth Borne à l’Éducation nationale… Mais au jeu des sept différences, les Républicains auront été susceptibles.

À peine quelques heures après avoir donné leur aval pour participer au « nouvel » exécutif, le parti de droite a piqué une colère. « La composition du gouvernement ne reflète pas la rupture promise », a dénoncé le patron de LR, Bruno Retailleau, à 21 h 22, sur X. Dans la foulée, un conseil stratégique de la formation a été convoqué en urgence pour ce lundi 6 octobre au matin. Reste à savoir quelle forme prendra cette dernière avec cette démission imprévue.

La nomination de deux revenants compterait parmi les griefs de LR. Le retour de Bruno Le Maire, considéré comme responsable du creusement du déficit et de la dette mais aussi comme un traître après avoir rejoint le camp présidentiel sans l’assentiment de son ancien parti, ce qui est aussi le cas d’Éric Woerth (en outre à peine relaxé dans le procès de l’affaire du financement libyen). En cause également, la large part réservée à Renaissance dans la répartition du gouvernement : dix ministres, contre quatre à LR.

Les critiques n’ont pas tardé à fuser à droite alors que le parti était divisé, certains emmenés par Laurent Wauquiez s’étant opposés à une participation au gouvernement.

« Donc, LR accepte – sans consulter les instances – de participer à un gouvernement sans en connaître les principaux membres ? Dans le contexte actuel ? En sachant le risque d’apparaître complice du dernier soubresaut du macronisme agonisant ? Tout cela est affligeant et il est impossible pour moi de rester vice-président. Si cette participation au gouvernement est confirmée demain, je ne continuerai qu’avec Nouvelle Énergie », a ainsi menacé, dimanche soir, le maire de Cannes, David Lisnard.

« Si on veut retrouver de la confiance, si on veut arrêter que notre pays s’enfonce jour après jour, il nous faut dire très clairement ”maintenant, on ne participe pas à ce gâchis, on ne participe pas à cette mascarade” », a ajouté le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, sur RTL, ce lundi.

Chez LR, on assure que Bruno Retailleau n’était pas informé de la composition de l’exécutif telle qu’elle a été annoncée. « On nous a fait des promesses sur la composition du gouvernement, et quand la composition a été dévoilée, ça n’était pas les mêmes noms », a avancé Julien Aubert, vice-président de la formation, sur Franceinfo. De quoi amorcer une première crise gouvernementale, du jamais vu.

Si l’exécutif y survit, il ne sera pas tiré d’affaire tant Sébastien Lecornu n’a même pas pris la peine de tout changer pour que rien ne change. La continuité est à l’ordre du jour dans les postes comme sur le fond.

Quant à la forme, si le locataire de Matignon s’est engagé à ne pas recourir au 49.3, il lui reste bien des outils (article 40 pour empêcher toute dépense supplémentaire, vote bloqué pour choisir les amendements qui lui conviennent…) maintenir un cap contesté dans la rue comme dans les urnes. Comme la plupart de ses prédécesseurs, il a choisi de ne pas se soumettre à un vote de confiance mardi après sa déclaration de politique générale, la censure ne le guette pas moins pour autant.

Avant de partir, une dernière chose…

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