Transition énergétique : plus on attend, plus cela coûtera cher à l'économie, estiment les banques centrales

Retarder la transition énergétique génère une perte économique nette pour l'économie globale, affirme mercredi 7 mai le NGFS - une coalition de banques centrales dont la Banque de France - dans une publication que France Inter a consultée. L'étude chiffre à 0,4% de perte de PIB mondial si des mesures sont prises maintenant, contre 1,3% en 2030, si la transition est retardée de trois ans.

Depuis 2020, le NGFS (Network for Greening the Financial System) produit des scénarios de long terme pour estimer les coûts et les bénéfices de la transition énergétique. Là, il s'agit de scénarios de court terme avec un horizon temporel compris entre trois et cinq ans et soumis à des "stress-tests". "Les scénarios de court terme permettent d'évaluer les impacts macro-financiers des risques physiques et de transition sur un cycle économique", explique le NGFS.

Alors que certains acteurs économiques réclament plus de temps pour décarboner ou mettre en place des taxes carbone sur l'ensemble des secteurs d'activités (transport, bâtiment, industrie...), le NGFS dit le contraire : "Retarder les efforts de la transition augmente les coûts économiques de la transition et provoque un stress financier supplémentaire". Elsa Cheminet-Leroux est adjointe du service climat de la Banque de France et elle affirme que ce qui coûte plus cher, "c'est le retard à l'allumage".

"Les mesures qu'il faudra prendre dans trois ans seront plus fortes pour atterrir au même objectif final dans 25 ans".

Elsa Cheminet-Leroux, du service climat de la Banque de France

à Radio France

Pour Agnès Bénassy-Quéré, sous-gouverneur de la Banque de France, le fait que le coût de la transition soit triplé si on n'agit pas tout de suite s'explique par le fait que "les entreprises amortissent leurs investissements sur plusieurs années". "Si vous accélérez le rythme auquel elles doivent renouveler leurs investissements parce qu'il y a les politiques climatiques, elles vont devoir mettre au rebut des machines, fermer des entreprises alors qu'elles auraient pu adapter leurs investissements progressivement".

Si rien n'est fait, le PIB mondial pourrait chuter de 15% en 2050

Toujours selon la publication du NGFS, si rien n'est fait, le dérèglement climatique - et notamment les évènements météorologiques extrêmes - pourrait faire chuter le PIB mondial de 15% en 2050 et d'un tiers (30%) en 2100.

Le NGFS a été lancé au "One Planet Summit" de Paris en 2017, à l'initiative notamment de la Banque de France et de huit banques centrales. Il s'agit d'une coalition pour "échanger les bonnes pratiques et émettre des recommandations" mais aussi "intégrer les risques liés au climat et à l'environnement dans la gestion du risque dans le secteur financier" et "encourager le financement de la transition". Le NGFS compte 144 membres présents dans de nombreux pays.